''La Sonate à Bridgetower'' est un livre que j’ai reçu en
cadeau, de la maison d’édition ACTES SUD en 2017. C’est le premier livre d’Emmanuel
Dongala que je lis et je crois que ce ne sera pas le dernier. En effet, j’ai
été emballé par le style et la richesse des recherches effectuées autour des
thèmes évoqués et j’ai aussi enrichi mon vocabulaire.
Ce joyau de 334 pages dont les faits se déroulent entre la
fin du 18eme siècle et le début du 19eme siècle
successivement à Paris, à Londres et à Vienne, est une fiction basée sur
des faits réels comme le décrit l’auteur lui-même. J’ai même eu l’impression de
lire une séquence de ''La Comédie Humaine'' de Honoré de Balzac. Le rythme du
texte, les personnages et le décor nous plongent dans cette comédie de la vie
dans laquelle les hommes apparaissent et disparaissent, se font et sont
défaits.
''La Sonate à Bridgetower'' retrace l’histoire de Georges Augustus
Polgreen Bridgetower, jeune prodige violoniste Polonais, métis, dont le père,
un noir « libre », ayant flairé le talent, quittera le château d’Eisenstadt
en Autriche pour un voyage en France, précisément à Paris. Le but de ce voyage
n’étant autre que de vendre le talent de son fils à prix d’or et de gloire. Les
péripéties vécues par le duo père-fils à Paris pour introduire le jeune prodige
dans le milieu du ‘’Showbiz’’ nous fait découvrir le vrai visage du cœur de
l’Europe. A côté d’un peuple oppressé et pauvre produisant la richesse,
s’extasie une aristocratie opulente vivant la vie des châteaux et soucieuse de
se faire voir et entendre. Le père, Frederick de Augustus Bridgetower, finira
par décrocher un premier contrat pour son fils dans l’une des célèbres salles
de musique de la capitale. Ce qui révèlera au grand public, les talents du petit Georges
âgé de 9 ans seulement. Pourtant alors qu’ils commençaient à savourer leur
nouvelle vie, le père et le fils seront obligés de quitter Paris, chassés par les
troubles engendrés par la crise socio-économique qui secoue la France en 1789. Au
prix d’un voyage difficile, ils débarquent à Londres, une autre capitale
européenne, en vue de poursuivre le
rêve. Là encore, l’indéniable talent du jeune Georges leur ouvrira les portes
des palais, des grandes salles et des gens qui font et défont la vie
Londonienne. Pourtant, la séparation sera inévitable entre un fils désireux de
plus de liberté et un père cupide. Par la suite, le jeune Georges trouvera sa
place dans le sérail des grands musiciens de Londres et vivra une vie de palais
sous la tutelle du prince de Galles. A l’annonce de la maladie de sa mère restée
en Suisse, Georges Bridgetower se rendra à Vienne où il rencontrera un autre célèbre
compositeur, Ludwig van Beethoven, avec qui il jouera une sonate que ce dernier
lui dédiera.
Tout au long de la lecture, l’évocation des nombreux termes musicaux
donne à ce livre une allure langoureuse. Personnellement, j’ai beaucoup appris
en lisant ''La Sonate à Bridgetower''. Non seulement, Emmanuel Dongala fait
revivre les grandes célébrités de la musique classique (Haydn, Wolfgang,
Viotti, Kreutzer, Beethoven etc.), des sciences (Lavoisier, Lagrange, Monge, Condorcet, etc.)
et de la littérature; mais il nous balade aussi dans l’histoire de la musique
classique avec ses courants qui s’opposent et se complètent, en passant par les
travers de la révolution Française de 1789. Le livre parle aussi de l’esclavage
et ne met pas sous silence certaines grandes découvertes scientifiques de l’époque.
Emmanuel Dongala, avec une certaine dextérité, parvient à insérer tous ces thèmes
dans le déroulement de l’histoire à travers
des flash-backs bien construits, enrichissant par la même occasion la
compréhension du lecteur.
En lisant l’histoire du petit Georges et de son père, j’ai
pensé à Richard Williams et ses filles Venus et Serena. Les sœurs Williams sont
devenues des stars de la petite balle jaune grâce à la vision et la rigueur de
l’encadrement de leur père, qui n’était lui-même nullement un professionnel de
tennis. Le parallèle fait, le lecteur comprendra que le travail développe le
talent ; la reconnaissance et la révélation du talent ouvrent les portes
qui seraient restées fermer dans des conditions normales. Ainsi, partout où Georges,
ce virtuose violoniste est allé, son talent lui a ouvert les portes des Barons,
des Comtes, des Compositeurs et des rois, jusqu'à devenir le premier violon de
son Altesse Royale le prince de Galles qui finit même par l’adopter. Il deviendra
aussi un ami intime de Ludwig van Beethoven. Une amitié qui aura un goût amer.
Je conseille farouchement ce livre aux amoureux de belles
lettres et à ceux qui souhaitent enrichir leur vocabulaire. Je terminerai ce compte
rendu en vous laissant ces deux expressions en guise de réflexion :
'' … garder sa dignité même dans l’impécuniosité'' p.155
''Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la
naissance. Ce que je suis, je le suis par moi-même. Des princes, il y en a et
il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un seul Beethoven !''p.298
Alors, as tu déjà lu ce livre? Partage tes impressions. Sinon, que dis tu de mon compte rendu?
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