22/08/2018

LA SONATE A BRIDGETOWER By EMMANUEL DONGALA


''La Sonate à Bridgetower'' est un livre que j’ai reçu en cadeau, de la maison d’édition ACTES SUD en 2017. C’est le premier livre d’Emmanuel Dongala que je lis et je crois que ce ne sera pas le dernier. En effet, j’ai été emballé par le style et la richesse des recherches effectuées autour des thèmes évoqués et j’ai aussi enrichi mon vocabulaire.
Ce joyau de 334 pages dont les faits se déroulent entre la fin du 18eme siècle et le début du 19eme siècle successivement à Paris, à Londres et à Vienne, est une fiction basée sur des faits réels comme le décrit l’auteur lui-même. J’ai même eu l’impression de lire une séquence de ''La Comédie Humaine'' de Honoré de Balzac. Le rythme du texte, les personnages et le décor nous plongent dans cette comédie de la vie dans laquelle les hommes apparaissent et disparaissent, se font et sont défaits.

''La Sonate à Bridgetower'' retrace l’histoire de Georges Augustus Polgreen Bridgetower, jeune prodige violoniste Polonais, métis, dont le père, un noir « libre », ayant flairé le talent, quittera le château d’Eisenstadt en Autriche pour un voyage en France, précisément à Paris. Le but de ce voyage n’étant autre que de vendre le talent de son fils à prix d’or et de gloire. Les péripéties vécues par le duo père-fils à Paris pour introduire le jeune prodige dans le milieu du ‘’Showbiz’’ nous fait découvrir le vrai visage du cœur de l’Europe. A côté d’un peuple oppressé et pauvre produisant la richesse, s’extasie une aristocratie opulente vivant la vie des châteaux et soucieuse de se faire voir et entendre. Le père, Frederick de Augustus Bridgetower, finira par décrocher un premier contrat pour son fils dans l’une des célèbres salles de musique de la capitale. Ce qui  révèlera  au grand public, les talents du petit Georges âgé de 9 ans seulement. Pourtant alors qu’ils commençaient à savourer leur nouvelle vie, le père et le fils seront obligés de quitter Paris, chassés par les troubles engendrés par la crise socio-économique qui secoue la France en 1789. Au prix d’un voyage difficile, ils débarquent à Londres, une autre capitale européenne,  en vue de poursuivre le rêve. Là encore, l’indéniable talent du jeune Georges leur ouvrira les portes des palais, des grandes salles et des gens qui font et défont la vie Londonienne. Pourtant, la séparation sera inévitable entre un fils désireux de plus de liberté et un père cupide. Par la suite, le jeune Georges trouvera sa place dans le sérail des grands musiciens de Londres et vivra une vie de palais sous la tutelle du prince de Galles. A l’annonce de la maladie de sa mère restée en Suisse, Georges Bridgetower se rendra à Vienne où il rencontrera un autre célèbre compositeur, Ludwig van Beethoven, avec qui il jouera une sonate que ce dernier lui dédiera.   
Tout au long de la lecture, l’évocation des nombreux termes musicaux donne à ce livre une allure langoureuse. Personnellement, j’ai beaucoup appris en lisant ''La Sonate à Bridgetower''. Non seulement, Emmanuel Dongala fait revivre les grandes célébrités de la musique classique (Haydn,   Wolfgang, Viotti, Kreutzer, Beethoven etc.), des sciences  (Lavoisier, Lagrange, Monge, Condorcet, etc.) et de la littérature; mais il nous balade aussi dans l’histoire de la musique classique avec ses courants qui s’opposent et se complètent, en passant par les travers de la révolution Française de 1789. Le livre parle aussi de l’esclavage et ne met pas sous silence certaines grandes découvertes scientifiques de l’époque. Emmanuel Dongala, avec une certaine dextérité, parvient à insérer tous ces thèmes dans le déroulement de l’histoire à travers  des flash-backs bien construits, enrichissant par la même occasion la compréhension du lecteur.

En lisant l’histoire du petit Georges et de son père, j’ai pensé à Richard Williams et ses filles Venus et Serena. Les sœurs Williams sont devenues des stars de la petite balle jaune grâce à la vision et la rigueur de l’encadrement de leur père, qui n’était lui-même nullement un professionnel de tennis. Le parallèle fait, le lecteur comprendra que le travail développe le talent ; la reconnaissance et la révélation du talent ouvrent les portes qui seraient restées fermer dans des conditions normales. Ainsi, partout où Georges, ce virtuose violoniste est allé, son talent lui a ouvert les portes des Barons, des Comtes, des Compositeurs et des rois, jusqu'à devenir le premier violon de son Altesse Royale le prince de Galles qui finit même par l’adopter. Il deviendra aussi un ami intime de Ludwig van Beethoven. Une amitié qui aura un goût amer.
   
Je conseille farouchement ce livre aux amoureux de belles lettres et à ceux qui souhaitent enrichir leur vocabulaire. Je terminerai ce compte rendu en vous laissant ces deux expressions en guise de réflexion :

'' … garder sa dignité même dans l’impécuniosité'' p.155

''Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi-même. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un seul Beethoven !''p.298


Alors, as tu déjà lu ce livre? Partage tes impressions. Sinon, que dis tu de mon compte rendu?

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