Quel livre? Enfin je viens de le terminer. Ce livre que j’ai ouvert plusieurs fois depuis le début de l’année sans jamais m’engager à le lire. Mais comme très souvent, les livres qui m’inspirent peu sont une mine de trésor inestimable. Cela s’est encore démontré avec ''Ancestor Stones'' d'Aminatta Forna.
A vrai dire, lire ce livre n’a pas été
du tout aisé. Non pas parce qu’il est écrit en Anglais, mais surtout parce que
l’auteure est sortie des sentiers battus pour donner vie à son récit. J’ai dû
relire l’épilogue et les deux premiers chapitres de la première partie, m’encourager
à continuer jusqu'à la deuxième partie, avant d’appréhender la dynamique de
l’œuvre et me mettre dans la peau de l’auteur.
Mais avant d’aller plus loin, laissez-moi vous dire que ce livre est aussi publié
en Français sous le titre ''Le jardin des femmes''. Si vous le voyez, ne vous en privez pas. Personnellement, je n’avais jamais entendu parler d'Aminatta Forna jusqu'à ce que, lors d’un transit, j’achète 2 de ses romans dont ''Ancestor Stones'' dans le bookshop de l’aéroport de Nairobi. Ces livres m’avaient été recommandés par la libraire qui m’en disait grand bien. N’ayant pas trouvé le livre dont la quête m’avait conduit dans cette boutique, j’acceptai de m’offrir ces deux romans parce que je trouve indécent de sortir bredouille d’une librairie. Même si la libraire ne faisait que son travail de vendeuse, je peux confirmer qu'Aminatta Forna est effectivement une grande écrivaine.Bref, revenons au livre.
De
quoi parle ''Ancestor Stones'' ?
Il s’agit de 4 femmes qui racontent des
pans de leurs vies à leur nièce venue d’Angleterre suite à un courrier qui
l’invitait à se rendre dans son pays d’origine pour y récupérer la part d’héritage
qui lui revient. Asana, Mariama, Hawa et Serah sont 4 demi-sœurs issues
d’une fratrie de 3 douzaines d’enfants. Leurs histoires contées par leur nièce,
Abie, peint le tableau d’une famille à travers 3 générations. En lisant ces histoires,
le lecteur découvre l’histoire du pays qui les a vu naître et grandir.
L’histoire d’un pays paisible qui a connu la pénétration des nouvelles
religions et des colons et qui, pour finir, tombera dans les dérives socio-politiques.
Même si dans tout le narratif l’auteur ne dit pas le nom du pays, il y a des
signes et des adresses qui permettent de dire qu’il s’agit de la Sierra
Leone. C’est certainement à dessein que l’auteur tait le nom du pays vu que les
faits s’apparentent bien à ceux de nombre de pays africains.
Comment
l’auteur construit son récit ?
Le
livre est construit autour d’un prologue, un épilogue et 4 parties tous écrits à
la première personne du singulier. L’utilisation de la première personne du
singulier d’un chapitre à un autre alors qu’on change de personnage fait l’originalité
de cette œuvre.
La 1ère partie intitulée SEEDS se déroule
entre 1926 et 1950
Ici, chacune des tantes d’Abie raconte
l’histoire de sa propre mère. Les thèmes de l’amour, de la polygamie, des rivalités
mais aussi de la domination des hommes sur les femmes meublent cette partie
dans un contexte pré-colonial où la paix qui règne dans les communautés et les
familles est soudain troublée par la pénétration des nouvelles religions avec leurs
illusions et désillusions.
La 2ème partie intitulée DREAMS
se situe entre 1941 et 1956.
Les femmes parlent de leurs jeunesses. Leur
transformation physique s’opère en même temps que celle d’une société dominée
par les nouveaux explorateurs nourris d’ambitions inavouées vis-à-vis du
potentiel agricole et minier du pays. L’auteur associe les désillusions
amoureuses de chaque femme à l’exploitation abusive qu’ont fait subir au pays
les premiers explorateurs.
Ensuite vient la 3ème partie intitulée
SECRETS qui s’inscrit dans la période entre 1965 et 1985.
Les douleurs longtemps dissimulées sont
mises au grand jour par chacune des tantes d’Abie. Elles n’usent d’aucune langue
de bois pour exposer leurs erreurs et leurs errements de jeunesse. Les rêves déchus
laissent parfois une cicatrice invisible qui demeure toujours perceptible à travers
la prise de conscience, le changement d’attitude et les engagements nouveaux,
avec tous les risques que cela pourrait comporter. Ainsi, hantée par son propre
rêve étriqué, chacune des femmes décrira son combat pour une vie meilleure. Cette
recherche de nouveaux horizons est aussi celle du pays qui aspire à un nouvel
espoir, un nouvel ordre dépouillé des scories des politiciens amateurs,
malandrins, nourris à la sève des abus au détriment du peuple.
Comme nous pouvons l’imaginer, le combat
pour la rédemption des peuples n’est pas sans conséquences. La 4ème partie
intitulée CONSEQUENCES et qui se situe entre 1991 et 1999 en est une preuve
parlante. La déchirure que subira le pays n’est pas sans effet sur la vie des 4
tantes d'Abie qui, en racontant leurs infortunes individuelles, exposent l’imbécillité
et la bêtise humaine. Alors, on en vient a se demander s'il y a encore de l’espoir.
Ma
conclusion
C’est avec un réel plaisir que j’ai tourné
et retourné les pages de ce livre qui m’a tenu en haleine pendant un mois
environ. Pour moi, ce livre donne tout son sens aux notions d’amour et de confraternité
qui devraient animer chaque composante de notre société à commencer par la
famille. Il démontre le rôle que peuvent jouer les femmes dans la construction de la société et permet à chacun de réfléchir à ce qu’il laissera comme héritage à
la génération future : des plaies béantes causées par un ego excessif ou
le trésor inestimable d’un amour pur.
En tout cas, le style d'Aminatta Forna
et la lecture de ce premier livre m’obligent à passer la commande de 4 autres
livres de l’auteur qui manquent dans ma PAL. J'espère les recevoir, les lire et
vous en parler si l'inspiration m’en vient.
Merci et n’hésitez pas à laisser un
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A la prochaine.
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