14/11/2020

"ANCESTOR STONES" By AMINATTA FORNA

Quel livre? Enfin je viens de le terminer. Ce livre que j’ai ouvert plusieurs fois depuis le début de l’année sans jamais m’engager à le lire. Mais comme très souvent, les livres qui m’inspirent peu sont une mine de trésor inestimable. Cela s’est encore démontré avec ''Ancestor Stones'' d'Aminatta Forna.

A vrai dire, lire ce livre n’a pas été du tout aisé. Non pas parce qu’il est écrit en Anglais, mais surtout parce que l’auteure est sortie des sentiers battus pour donner vie à son récit. J’ai dû relire l’épilogue et les deux premiers chapitres de la première partie, m’encourager à continuer jusqu'à la deuxième partie, avant d’appréhender la dynamique de l’œuvre et me mettre dans la peau de l’auteur.

 Mais avant d’aller plus loin, laissez-moi vous dire que ce livre est aussi publié

en Français sous le titre ''Le jardin des femmes''. Si vous le voyez, ne vous en privez pas. Personnellement, je n’avais jamais entendu parler d'Aminatta Forna jusqu'à ce que, lors d’un transit, j’achète 2 de ses romans dont ''Ancestor Stones'' dans le bookshop de l’aéroport de Nairobi. Ces livres m’avaient été recommandés par la libraire qui m’en disait grand bien. N’ayant pas trouvé le livre dont la quête m’avait conduit dans cette boutique, j’acceptai de m’offrir ces deux romans parce que je trouve indécent de sortir bredouille d’une librairie. Même si la libraire ne faisait que son travail de vendeuse, je peux confirmer qu'Aminatta Forna est effectivement une grande écrivaine.

Bref, revenons au livre.

De quoi parle ''Ancestor Stones'' ?

Il s’agit de 4 femmes qui racontent des pans de leurs vies à leur nièce venue d’Angleterre suite à un courrier qui l’invitait à se rendre dans son pays d’origine pour y récupérer la part d’héritage qui lui revient. Asana, Mariama, Hawa et Serah sont 4 demi-sœurs issues d’une fratrie de 3 douzaines d’enfants. Leurs histoires contées par leur nièce, Abie, peint le tableau d’une famille à travers 3 générations. En lisant ces histoires, le lecteur découvre l’histoire du pays qui les a vu naître et grandir. L’histoire d’un pays paisible qui a connu la pénétration des nouvelles religions et des colons et qui, pour finir, tombera dans les dérives socio-politiques. Même si dans tout le narratif l’auteur ne dit pas le nom du pays, il y a des signes et des adresses qui permettent de dire qu’il s’agit de la Sierra Leone. C’est certainement à dessein que l’auteur tait le nom du pays vu que les faits s’apparentent bien à ceux de nombre de pays africains.  

Comment l’auteur construit son récit ?

Le livre est construit autour d’un prologue, un épilogue et 4 parties tous écrits à la première personne du singulier. L’utilisation de la première personne du singulier d’un chapitre à un autre alors qu’on change de personnage fait l’originalité de cette œuvre.  

La 1ère partie intitulée SEEDS se déroule entre 1926 et 1950

Ici, chacune des tantes d’Abie raconte l’histoire de sa propre mère. Les thèmes de l’amour, de la polygamie, des rivalités mais aussi de la domination des hommes sur les femmes meublent cette partie dans un contexte pré-colonial où la paix qui règne dans les communautés et les familles est soudain troublée par la pénétration des nouvelles religions avec leurs illusions et désillusions.

La 2ème partie intitulée DREAMS se situe entre 1941 et 1956.

Les femmes parlent de leurs jeunesses. Leur transformation physique s’opère en même temps que celle d’une société dominée par les nouveaux explorateurs nourris d’ambitions inavouées vis-à-vis du potentiel agricole et minier du pays. L’auteur associe les désillusions amoureuses de chaque femme à l’exploitation abusive qu’ont fait subir au pays les premiers explorateurs.

Ensuite vient la 3ème partie intitulée SECRETS qui s’inscrit dans la période entre 1965 et 1985.

Les douleurs longtemps dissimulées sont mises au grand jour par chacune des tantes d’Abie. Elles n’usent d’aucune langue de bois pour exposer leurs erreurs et leurs errements de jeunesse. Les rêves déchus laissent parfois une cicatrice invisible qui demeure toujours perceptible à travers la prise de conscience, le changement d’attitude et les engagements nouveaux, avec tous les risques que cela pourrait comporter. Ainsi, hantée par son propre rêve étriqué, chacune des femmes décrira son combat pour une vie meilleure. Cette recherche de nouveaux horizons est aussi celle du pays qui aspire à un nouvel espoir, un nouvel ordre dépouillé des scories des politiciens amateurs, malandrins, nourris à la sève des abus au détriment du peuple.

Comme nous pouvons l’imaginer, le combat pour la rédemption des peuples n’est pas sans conséquences. La 4ème partie intitulée CONSEQUENCES et qui se situe entre 1991 et 1999 en est une preuve parlante. La déchirure que subira le pays n’est pas sans effet sur la vie des 4 tantes d'Abie qui, en racontant leurs infortunes individuelles, exposent l’imbécillité et la bêtise humaine. Alors, on en vient a se demander s'il y a encore de l’espoir. 

Ma conclusion

C’est avec un réel plaisir que j’ai tourné et retourné les pages de ce livre qui m’a tenu en haleine pendant un mois environ. Pour moi, ce livre donne tout son sens aux notions d’amour et de confraternité qui devraient animer chaque composante de notre société à commencer par la famille. Il démontre le rôle que peuvent jouer les femmes dans la construction de la société et permet à chacun de réfléchir à ce qu’il laissera comme héritage à la génération future : des plaies béantes causées par un ego excessif ou le trésor inestimable d’un amour pur.

En tout cas, le style d'Aminatta Forna et la lecture de ce premier livre m’obligent à passer la commande de 4 autres livres de l’auteur qui manquent dans ma PAL. J'espère les recevoir, les lire et vous en parler si l'inspiration m’en vient.

Merci et n’hésitez pas à laisser un message ou un commentaire sur ce compte rendu

A la prochaine.

 

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