Je trouve encore aujourd'hui des acheteurs qui commettent les mêmes imprudences
et finissent par acheter des produits inadéquats mettant à mal les activités
de leurs organisations ou de leurs entreprises. Dans ces circonstances, les acheteurs
se défendent toujours en accusant les demandeurs de n’avoir pas été assez précis
dans leurs requêtes. Mais ce qu’ils oublient, c’est que
la qualité de l’achat dépeint
sur la performance de l’acheteur. Dès lors, tout acheteur devrait comprendre qu’il
a la responsabilité de s’assurer qu’il dispose de toutes les informations
pertinentes relatives au produit qu’il s’apprête à acheter. Il ne s’agit donc
pas de fuir cette responsabilité en mettant en cause le demandeur. Soyez plutôt
l’expert sur qui il peut compter. Pour cela, je propose aux logisticiens, et surtout
aux acheteurs, un moyen simple de le faire.
Par exemple, imaginez que vous recevez une demande pour l’achat de seaux pour lavage de main. Même si cette
demande semble claire, tout acheteur, soucieux d’effectuer
un achat qualitatif, devrait comprendre que cette désignation est tout aussi
ambiguë qu’incomplète. En effet, il y a sur le marché une panoplie de seaux
différents les uns des autres qui puissent servir au lavage de main. Ce que je
m’apprête à développer est la technique consciente qui vous permettra de
clarifier avec le demandeur les seaux
auxquels il pense.
Maîtriser la nomenclature
Certains parleraient de cahier des charges mais je préfère parler de
nomenclature dans notre contexte car le cahier des charges fait allusion à la
fabrication ou à la production d’un bien. La nomenclature désigne la
description unique d’un bien qui permet de le différencier d’un autre et de le
rendre perceptible par n’importe qui.
De la même façon que vous avez un nom et un ou des prénoms pour vous
identifier particulièrement, la nomenclature d’un produit se compose du nom de
la famille de produit, du nom de sa sous-famille et des spécifications techniques
y compris la forme, la fonctionnalité, le conditionnement, l’emballage, etc.
- La famille,
c’est le nom commun à l’ensemble des produits destinés au même usage (seau,
stylo, peinture, verre etc.).
- La sous-famille
est une caractéristique qui permet de distinguer les produits d’une même
famille les uns des autres. Cette caractéristique peut être la matière première,
le matériel ou la méthode, ou encore la destination du produit
- Les spécifications techniques sont les éléments qui définissent l’originalité du produit dans sa conception afin de lui donner un caractère particulier. Les spécifications techniques sont évolutives et relèvent du génie de la création.
Dans l’exemple ci-haut, en disant seaux
pour lavage de main, le demandeur pense avoir été précis. Cependant, le spécialiste
averti des techniques de nomenclature réalisera rapidement que les 3 groupes de
désignations (nom de famille, nom de sous-famille et spécifications techniques)
ne sont pas perceptibles dans cette description du produit. Il aurait fallu préciser :
La famille :
Seau
La sous-famille : Plastique, métallique
(acier, fer, aluminium, or, etc.)
Les spécifications
techniques : 20 litres (la
forme), avec couvercle, hanse et robinet en plastique (fonctionnalité)
Vous
conviendrez avec moi qu’une telle description du produit ne souffrira d’aucune
ambiguïté et son processus d’achat d’aucune confusion.
Attention aux termes imprécis
Lors de
mes missions, j’ai aussi remarqué l’usage des mots comme grand, petit, long, court, lourd, léger, gros, mince, moyen, faible et
puissant, etc. pour décrire des produits. Il faut que je le dise, ces qualificatifs
ne signifient pas grande chose pour un acheteur. Par exemple, qu’achèteriez-vous
si vous acceptez une demande d’achat de petite
barre de fer à béton ? Ce qui est petit pour monsieur X peut être
grand pour monsieur Y. La perception varie d’une personne à une autre. Par
contre, quand je dis, fer à béton,
diamètre 8mm, barre de 12m, tout devient clair dans votre esprit.
Faites donc attention aux demandes que vous devez exécuter. Surtout, ne
l’oubliez pas, dans la gestion des achats, les termes grand, petit, moyen,
large, long, court, gros, etc. n’ont aucune signification. En lieu et place de
ces qualificatifs techniquement vides de sens, demandez la longueur, l’épaisseur, le volume, les
dimensions ou la masse, etc. Exigez des unités de mesures concrètes et
objectives. Vous serez à l’abri des mauvaises surprises et du gaspillage. Votre perception des mesures et des capacités n’est pas forcement
celle de l’autre.
Eviter les raccourcis de marques et gammes
Pour échapper à toutes les contraintes, certains demandeurs et acheteurs prennent
des raccourcis en utilisant les caractéristiques commerciales comme les marques
et gammes de produits pour définir un produit à acheter. A moins que la marque
ou la gamme de produit soit une exigence ou une politique de votre entreprise,
l’utiliser comme désignation dans le cadre d’un achat n’est pas professionnel.
C’est même contre la concurrence. Ceci dit, on n’achète pas un ordinateur HP ou du javel Lacroix. HP et Lacroix sont des marques. Un ordinateur se définit
par sa portabilité (ordinateur de bureau ou ordinateur portable) et ses
caractéristiques techniques (le processeur, la capacité du disque dur, la
vitesse d’exécution des commandes, la taille de l’écran, les accessoires,
etc..). De même, le Javel se définit par sa forme (liquide, poudre ou solide),
sa concentration en chlore (en pourcentage), son emballage (sachet, bouteille
plastique, etc.) et son conditionnement (1,5 litres, 150g, etc..).
Vous comprenez que la gamme ou la marque ne garantit pas toujours la complétude
de la nomenclature.
Pour finir, allez toujours à l’essentiel
Connaitre la nomenclature est une bonne chose. Cependant, certains éléments des spécifications techniques ne
sont pas toujours pertinentes. Ce qui signifie qu’il n’est pas nécessaire
d’inclure dans la nomenclature d’un bien, des éléments qui n’auront aucun
impact sur l’usage auquel le produit est destiné. Reprenons l’exemple du seau
avec la nomenclature suivante : seau plastique bleu de 20 litres avec couvercle, hanse et robinet plastique.
Cette nomenclature est bien complète mais la couleur est-elle réellement
pertinente ? si un seau de couleur blanche serait tout aussi acceptable qu’un
seau de couleur bleue, il serait bienséant de ne pas rajouter cette spécification.
Pourquoi ? tout simplement parce que l’acheteur prospectera pour des seaux plastiques bleu de 20 litres avec couvercle, hanse et robinet plastique. Imaginez
qu’il n’en trouve pas de cette couleur après des jours de recherche. Si le
demandeur lui dit par la suite qu’il est prêt à accepter les seaux qu'importe la couleur, tout le monde aura perdu du temps. Notre credo étant de ne pas
perdre du temps, il est primordial de considérer uniquement les éléments essentiels
du produit en excluant ceux qui sont superflues.
Voilà, je crois que je vous ai tout dit.
N’hésitez pas à commenter, compléter ou à partager si vous pensez que ceci
pourrait apporter un plus à un collègue, un ami, un partenaire tout court.
Logistiquement votre.
Magloire ABALE, PRINCE2®
Bonjour cher aîné. Grand merci pour ce partage. C'est toujours un plaisir de vous lire.
RépondreSupprimerLe plaisir est partagé frangin. Je suis heureux que ce texte soit utile...
RépondreSupprimerTrue
RépondreSupprimerExcellent aîné, ça fait du bien de relire ces orecisions dans nos metiers que certains ont tendance à oublier lors de l'expression de leur besoin.
RépondreSupprimerMerci
SupprimerMerci pour ces conseils, très instructif
RépondreSupprimerJe vous en prie. On est ensemble...
SupprimerMerci pour cette précision. Magnifique
RépondreSupprimerJe vous en prie.
RépondreSupprimerExplication très claire, simple et bien illustrée.
RépondreSupprimerMerci pour ce partage.
Je vous en prie 🙏.
SupprimerMerci beaucoup Kotazo, en quelques minutes seulement j'ai appris tant de choses qui pourront m'aider durant ma carrière.
RépondreSupprimerMerci à toi aussi chef. Ton désir de toujours apprendre te propulsera dans ta carrière j'en suis certain...
SupprimerJe viens de découvrir l'article.
RépondreSupprimerBelle contribution.