Elisabeth est l’épouse de M Erik Larsson,
un suédois passionné de la nature. Malgré l’opposition de sa mère, Elisabeth décide
de partir en expédition avec son mari le lendemain de leur mariage.
Adam est un esclave noir. Il a
fui le Cap après avoir refusé d’obéir à son maître qui lui demandait de
fouetter sa propre mère, elle aussi esclave. Dans sa fuite, il tuera un autre esclave.
Dès lors, il passera ses jours et ses nuits dans la brousse dans l’intérieur de
l’Afrique du Sud espérant, un jour retourner sur les terres de ces ancêtres.
Nous sommes au 18ème siècle,
dans une Afrique du Sud sous mandat britannique. Pour se déplacer, pas de
véhicules à moteur comme aujourd'hui mais
Très tôt, Elisabeth sera déçue de
son mariage lorsqu'elle se rend compte que son mari ne lui consacre que très peu
de temps, préférant s’adonner à sa passion à savoir les animaux et les
plantes. Par la suite, l’expédition sera confrontée aux aléas climatiques et
surviendra un désastre. Le guide mourra, des « pirates » emporteront
une bonne partie de la cargaison, les esclaves s’enfuiront et M Erik Larsson
disparaîtra laissant la jeune mariée, seule dans la nature. Alors qu’elle se
pose encore des questions sur la disparition de son mari, apparaît Adam, qui se
présente comme un sauveteur. Au début, Elisabeth se méfie, ayant appris à ne
jamais faire confiance à un esclave. Plus tard, les deux personnes se
découvrent un même objectif : retrouver la Mer, le Cap. Mais qui sera le
maître pour conduire ce voyage ? Plusieurs fois, Elisabeth essaie de
s’imposer en considérant qu’Adam n’est qu’un noir donc un esclave qui doit lui
obéir. Adam quant à lui, réclame sa liberté et veut être celui qui dirige les
affaires en tant que l’homme, capable d’apprivoiser la forêt, en l’absence d’Erik Larsson, le
mari de la jeune blanche.
Dans ce contexte conflictuel de
leur périple vers la mer, vers la terre promise, Elisabeth sera partagée entre l’espoir
de retrouver son mari qu’elle espère encore vivant, et l’amour inacceptable qui
commence à poindre dans son cœur pour l’esclave noir. Et lorsque le duo découvre
au bout d'une longue marche, le corps de M Erik Larsson, Elisabeth finit par espérer
vivement que ce sentiment qu’elle ressent pour l’esclave Adam soit partagé.
Pourtant ce dernier se montre très indifférent souhaitant faire d’Elisabeth un
instrument d’échange contre sa liberté dès qu’ils parviendront au cap. Ils
finiront néanmoins par accepter inacceptable amour longtemps reprouvé, et s’en
délecteront jovialement dans cette nature sauvage.
Par la suite, Elisabeth et Adam
affronteront ensemble le climat humide du continent sud-Africain, les bêtes
sauvages, les grandes eaux, les orages, les tempêtes etc. Visant toujours la
mer, ils continueront à s’encourager mutuellement, à se surpasser mais aussi à
se quereller, à se séparer et à se retrouver.
Mais le chemin qui mène à la
terre promise est toujours parsemé d’épreuves de tout genre. Ainsi seront-ils
confrontés à la sécheresse, à la soif et à la faim à l’intérieur des terres Sud-Africaines.
Ils se nourriront quelques fois de n’importe quoi à n’importe quel prix. La
nature téméraire les poussera jusqu'au bout de leur dernier effort. Et
lorsqu'au bord du désespoir, ils s’abandonneront à la mort, la providence
mettra sur leur chemin une bande de voyageurs venant du cap. Cette rencontre
inattendue boostera leur instinct de survie. Et lorsqu'ils reprennent le
chemin, c’est bien leur amour passionné qui sera mis à rude épreuve. Adam doute
fort que l’amour entre un esclave noir et une blanche soit possible lorsqu'ils
parviendront au cap. Cependant, Elisabeth croit dur comme fer qu’elle
n’abandonnera pas Adam et que leur amour subsistera. La fin de l’histoire est
simplement inattendue.
« Un instant dans le
Vent » est un hymne à la nature. L’auteur André Brink révèle la générosité
et la dangerosité de la nature. La nature qui ne trahit pas mais qui peut être
aussi rebelle. Cette nature souvent méchante qui a tout volé à Elisabeth et
Adam, leur a aussi donné les ressources pour survivre et poursuivre leur
voyage. Ce livre est aussi un hymne à l’amour. L’amour pur qui n’a pas de
couleur et qui ne comprend pas le langage humain souvent flétri par des
considérations égoïstes. Cet amour
inattendu qui peut nous surprendre n’importe où, comme l’a chanté le groupe
Zouglou ivoirien Espoir 2000 : « Que tu le croises à l’Ivoire ou au
marché d’Adjamé, l’amour a toujours le même visage». Eh bien, cet amour-là,
Elisabeth l’a croisé à l’intérieur des terres de l’Afrique du Sud, dans un
contexte où le clivage racial est très prononcé, et il était toujours pur.
J’ai lu « Un instant dans le
vent » et je l’ai trouvé poétique à plusieurs endroits par la manière dont
l’auteur décrit la nature. Je l’ai trouvé aussi philosophique par les dialogues
entre Adam l’esclave et Elisabeth la blanche. Ce livre nous emmène à réfléchir
sur la manière dont nous percevons l’autre qui est différent de nous. Il donne
aussi à réfléchir sur notre relation avec la nature végétale et animale. Mais
au-delà de tout, c’est une histoire d’amour entre une femme blanche et un esclave noir.
Même si j’ai entièrement apprécié
ma lecture, je dois avouer que cela n’a pas été aisé au départ. Primo le style
de l’auteur. En plus de la narration du récit, l’auteur vous plonge dans les
pensées silencieuses des personnages principaux en vous faisant vivre leurs
doutes, leurs craintes, et en vous révélant leurs sentiments. Il m’a fallu
parcourir plusieurs pages pour comprendre ces tournures. Secundo, le découpage.
Nous sommes habitués aux livres découpés en chapitres. Et je suis
personnellement à l’aise lorsque les chapitres sont courts tels que les livres
de Véronique Tadjo. Cela facilite beaucoup la lecture. Mais avec « Un
instant dans le vent », il n’y a pas de chapitres. A la rigueur on dirait
que le livre est subdivisé en 4 parties marquées par des sauts de pages. Une
première partie allant de la page 13 à la page 21 (introduction) ; une
deuxième partie allant de la page 23 à la page 142 (La rencontre entre Adam l’esclave et Elisabeth la blanche) ; une troisième partie allant de la page
143 à la page 190 (l’amour à fond) et la dernière partie allant de la page 191
à la page 320 (doutes et espoirs). Hors mis cet aspect, le livre est posé et offre
une belle romance dans une nature sauvage.
Je ne suis pas certain qu’on
puisse encore trouver ce livre dans nos librairies. En tout cas, la version que
je viens de lire a été éditée par Le Cabinet Cosmopolite des Editions Stock, au
3ème trimestre 1978. Je l’ai acheté dans une librairie-par-terre dans
la commune de Yopougon en Mars 2018. Pendant la lecture je me suis rendu compte
qu’il avait perdu déjà 3 feuilles (6 pages) ; si vous souhaitez donc le
lire, je suis prêt à vous le prêter avant qu’il ne perde toutes ses pages.
Faites-moi signe si vous êtes intéressé.
Pour finir, je voudrais vous présenter une
situation vécue par Elisabeth et Adam sur leur chemin vers la mer:
A bout de force, crasseux, affamés et assoiffés, Elisabeth et Adam, qui se proclament désormais comme mari et femme
dans cette nature sauvage, parviennent à la ferme d’un homme blanc. La femme du
fermier est enceinte. Le couple reçoit les voyageurs à bras ouvert. Alors
qu’Elisabeth hésite à présenter Adam comme son conjoint, le fermier qui considère
Adam comme l'esclave d'Elisabeth, oriente ce dernier dans l’arrière-cour où sont logés les autres
esclaves. Pendant ce temps, Elisabeth se voit offerte une bonne douche dans
la chambre du couple. Au dîner, Elisabeth est à table avec le couple et Adam prend son repas en compagnie des autres esclaves de la maison. La nuit venue, en présence de sa femme, le fermier blanc
demande à Elisabeth de se déshabiller avant de se mettre au lit avec lui. La
femme du fermier voulait s’y opposer mais elle fut réduite au silence
par son mari. Que feriez-vous à la place d’Elisabeth sachant qu'Adam auprès de qui elle s'est engagée par la parole est de l'autre côté de la maison?
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