07/11/2018

LE CŒUR A RIRE ET A PLEURER By MARYSE CONDÉ


Comme il fallait s’y attendre, après avoir découvert la Librairie Bah à Bamako, un soir d’une visite pendant mon séjour au Mali, je m’y suis rendu à nouveau une semaine plus tard. La première fois, j’étais à la recherche de l’un des tomes de « Ségou » de Maryse Condé. Ce jour-là, le livre en question n’était pas disponible. Je m’étais alors promis de revisiter cette librairie. C’est ainsi que lors de mon seconde passage, n’ayant toujours pas trouvé l’un des livres
recherchés, j’ai décidé d’acheter le seul livre de Maryse Condé disponible. Vous me direz pourquoi cet acharnement sur Maryse Condé. En réalité, dès que je mis les pieds au Mali, suite au briefing de sécurité dans une organisation Internationale, le facilitateur nous recommanda « Ségou » de Maryse Condé si nous voulions comprendre l’histoire et la culture du pays. Dans mes recherches sur internet, j’ai alors compris qu’il s’agissait d’une autrice prolifique dont je n’avais malheureusement lu aucun livre. Je commençai alors à m’intéresser à elle.

Lors de ma deuxième visite dans cette librairie disais-je, j’achetai le seul livre de Maryse Condé : « Le cœur à rire et à pleurer ». Un livre autobiographique dans lequel l’auteur nous raconte quelques souvenirs de son enfance. Elle y relate sa vie depuis sa naissance jusqu'à ses 17 ans, comme pour confirmer la définition de l’enfant selon la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE). Selon la CDE, l’enfant se définit comme « Tout être humain âgé de moins de 18 ans… » ; laissant chacun déterminer où commence l’enfance. Pour certains, l’enfance commence dès la formation de l’embryon dans le sain de la mère.  Pour d’autres, se sera dès la naissance. Dans tous le cas, la définition de la CDE reste valable.

Dans « Le cœur à rire et à pleurer », Maryse Condé nous parle de ses parents, de sa naissance, de la vie de famille, de ces premiers jours à l’école, de ses amis, de ses frères et sœurs et la relation qu’elle entretenait avec les uns et les autres. Elle y parle aussi de ces curiosités et ses découvertes, en témoigne cette scène d’accouchement à laquelle elle est amenée à assister de façon inattendue alors toute petite. Tout au long de la lecture, Maryse Condé n’y va pas avec le dos de la cuillère pour parler de sa personne et de son entourage. Elle nous révèle son âme et sa pensée devant chaque situation. Elle ne se présente pas et ne présente pas non plus sa famille comme les pétales odoriférants d’une rose. Elle dévoile aussi ses dangereuses épines. Maryse Condé étale ses erreurs volontaires ou involontaires desquelles elle en apprendra sur elle-même et sur les autres.

Je n’ai pas encore lu d’autres livres de l’autrice célèbre qu’elle est, toutefois, personnellement, ce livre se révèle à moi comme un début d’explication de ce qu’est la vie et le combat de cette grande dame de la littérature africaine tel que je l’ai lu sur Internet. J’y ai compris les raisons de son combat anticolonialiste et antiesclavagiste, ayant elle-même subit des moqueries à cause de la couleur de sa peau. J’y ai aussi compris le langage cru et vrai qui la caractérise. Cela a toujours été son apanage de dire les choses telles qu’elle les sent et les vit. Dire la vérité « vraie » comme traiter sa meilleure amie de vaurienne (ce qui n’était pas faux) au cours d’un exercice de classe à la demande de sa maîtresse. La vérité aussi lorsqu'il s’est agi  de décrire sa mère le jour même de l’anniversaire de cette dernière. Dans un livre, certaines célébrités auraient tendance à camoufler les mauvais côtés de leur vie. Maryse Condé ne cache rien, respectant ainsi la règle d’un livre biographique ou autobiographique : décrire une partie ou l’entièreté de la vie de quelqu'un sans y ajouter des faits imaginaires.

Une des leçons que je pourrais ressortir après lecture de ce livre c’est que les enfants deviennent tôt ou tard ce dont ils ont été nourris dès le bas âge et non ce qu’on leur impose. J’ai souvent rencontré des personnes qui me disent combien ils souhaiteraient faire aimer la lecture et la littérature à leurs enfants. Pourtant ses mêmes personnes n’aiment pas lire et ne se donnent pas le temps de lire. Ce que je leur conseille est qu’ils doivent eux-mêmes s’y intéresser ou s’y mettre en premier. Bien vrai que ceci ne garantisse pas cela, cette technique reste quand même un bon début de solution. Cela a été aussi le cas de Maryse Condé. Très tôt déjà, elle lisait beaucoup et écrivait des poèmes et des petits textes.  Plus tard, inscrite dans une grande Ecole Parisienne par son père, son amour pour les belles lettres qu’elle hérita de la bibliothèque parentale, la ramena à la Sorbonne au grand dam de son père la traitant de fille faisant la honte de la famille pour avoir été renvoyée d’une grande école.

Ce livre nous permet de comprendre les idées, le combat et la conviction du récipiendaire du ‘’Prix Nobel Alternatif de littérature 2018’’. Je crois même que j’ai eu de la chance de lire ‘’Le cœur à rire et à pleurer’’ avant tout autre livre de l’auteur. Je comprendrai certainement mieux ses idées et ses écrits.

Que vous ayez déjà lu Maryse Condé ou Non, je vous conseille ce livre de 160 pages qui est d’une écriture simple, direct et riche en vocabulaire.

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