Comme il fallait s’y attendre, après
avoir découvert la Librairie Bah à Bamako, un soir d’une visite pendant mon
séjour au Mali, je m’y suis rendu à nouveau une semaine plus tard. La première
fois, j’étais à la recherche de l’un des tomes de « Ségou » de Maryse
Condé. Ce jour-là, le livre en question n’était pas disponible. Je m’étais alors
promis de revisiter cette librairie. C’est ainsi que lors de mon seconde
passage, n’ayant toujours pas trouvé l’un des livres
recherchés, j’ai décidé
d’acheter le seul livre de Maryse Condé disponible. Vous me direz pourquoi
cet acharnement sur Maryse Condé. En réalité, dès que je mis les pieds au Mali,
suite au briefing de sécurité dans une organisation Internationale, le
facilitateur nous recommanda « Ségou » de Maryse Condé si nous
voulions comprendre l’histoire et la culture du pays. Dans mes recherches sur
internet, j’ai alors compris qu’il s’agissait d’une autrice prolifique dont je
n’avais malheureusement lu aucun livre. Je commençai alors à m’intéresser à
elle.
Lors de ma deuxième visite dans
cette librairie disais-je, j’achetai le seul livre de Maryse Condé : « Le
cœur à rire et à pleurer ». Un livre autobiographique dans lequel l’auteur
nous raconte quelques souvenirs de son enfance. Elle y relate sa vie depuis sa
naissance jusqu'à ses 17 ans, comme pour confirmer la définition de l’enfant selon
la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE). Selon la CDE, l’enfant se
définit comme « Tout être humain âgé de moins de 18 ans… » ;
laissant chacun déterminer où commence l’enfance. Pour certains, l’enfance
commence dès la formation de l’embryon dans le sain de la mère. Pour d’autres, se sera dès la naissance. Dans
tous le cas, la définition de la CDE reste valable.
Dans « Le cœur à rire et à
pleurer », Maryse Condé nous parle de ses parents, de sa naissance, de la
vie de famille, de ces premiers jours à l’école, de ses amis, de ses frères et
sœurs et la relation qu’elle entretenait avec les uns et les autres. Elle y
parle aussi de ces curiosités et ses découvertes, en témoigne cette scène
d’accouchement à laquelle elle est amenée à assister de façon inattendue alors
toute petite. Tout au long de la lecture, Maryse Condé n’y va pas avec le dos
de la cuillère pour parler de sa personne et de son entourage. Elle nous révèle
son âme et sa pensée devant chaque situation. Elle ne se présente pas et ne présente
pas non plus sa famille comme les pétales odoriférants d’une rose. Elle dévoile
aussi ses dangereuses épines. Maryse Condé étale ses erreurs volontaires ou
involontaires desquelles elle en apprendra sur elle-même et sur les autres.
Je n’ai pas encore lu d’autres
livres de l’autrice célèbre qu’elle est, toutefois, personnellement, ce livre
se révèle à moi comme un début d’explication de ce qu’est la vie et le
combat de cette grande dame de la littérature africaine tel que je l’ai lu sur
Internet. J’y ai compris les raisons de son combat anticolonialiste et antiesclavagiste,
ayant elle-même subit des moqueries à cause de la couleur de sa peau. J’y ai
aussi compris le langage cru et vrai qui la caractérise. Cela a toujours été
son apanage de dire les choses telles qu’elle les sent et les vit. Dire la
vérité « vraie » comme traiter sa meilleure amie de vaurienne (ce qui
n’était pas faux) au cours d’un exercice de classe à la demande de sa maîtresse.
La vérité aussi lorsqu'il s’est agi de
décrire sa mère le jour même de l’anniversaire de cette dernière. Dans un
livre, certaines célébrités auraient tendance à camoufler les mauvais côtés de
leur vie. Maryse Condé ne cache rien, respectant ainsi la règle d’un livre
biographique ou autobiographique : décrire une partie ou l’entièreté de la
vie de quelqu'un sans y ajouter des faits imaginaires.
Une des leçons que je pourrais
ressortir après lecture de ce livre c’est que les enfants deviennent tôt ou
tard ce dont ils ont été nourris dès le bas âge et non ce qu’on leur impose. J’ai
souvent rencontré des personnes qui me disent combien ils souhaiteraient faire
aimer la lecture et la littérature à leurs enfants. Pourtant ses mêmes
personnes n’aiment pas lire et ne se donnent pas le temps de lire. Ce que je
leur conseille est qu’ils doivent eux-mêmes s’y intéresser ou s’y mettre en
premier. Bien vrai que ceci ne garantisse pas cela, cette technique reste quand
même un bon début de solution. Cela a été aussi le cas de Maryse Condé. Très
tôt déjà, elle lisait beaucoup et écrivait des poèmes et des petits
textes. Plus tard, inscrite dans une
grande Ecole Parisienne par son père, son amour pour les belles lettres qu’elle
hérita de la bibliothèque parentale, la ramena à la Sorbonne au grand dam de
son père la traitant de fille faisant la honte de la famille pour avoir été renvoyée
d’une grande école.
Ce livre nous permet de
comprendre les idées, le combat et la conviction du récipiendaire du ‘’Prix
Nobel Alternatif de littérature 2018’’. Je crois même que j’ai eu de la chance
de lire ‘’Le cœur à rire et à pleurer’’ avant tout autre livre de l’auteur. Je comprendrai
certainement mieux ses idées et ses écrits.
Que vous ayez déjà lu Maryse
Condé ou Non, je vous conseille ce livre de 160 pages qui est d’une écriture simple,
direct et riche en vocabulaire.
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