19/11/2018

4 GESTES SIMPLES POUR NE PAS TUER MÈRE-ENFANT


Sincèrement, j'ai eu un coup de cœur cette semaine lors de ma visite à l’hôpital Mère-Enfant Dominique Ouattara de Bingerville en Côte d’Ivoire. J’y étais pour voir une accouchée et son nouveau-né. J’en ai profité pour faire le tour du propriétaire et glaner quelques informations pour satisfaire ma curiosité. Pour finir,
je me suis demandé pourquoi je n’écrirais pas un article pour exprimer mon coup de cœur et partager quelques idées m’ayant traversé l’esprit pendant cette visite.

Avant toute chose, il faut savoir que l’Hôpital Mère-Enfant Dominique Ouattara est situé à Bingerville. Vous pouvez-vous y rendre en empruntant les minicars communément appelés "Gbaka", à destination de Bingerville (il existe des gares de "Gbaka" pour Bingerville dans la commune de Yopougon aux quartiers Koweit et Siporex ainsi qu'à Adjamé Ancienne-gare, pour ne citer que celles-la). Lorsque vous entrer a Bingerville, dites à l'apprenti que vous descendez au "carrefour Bandji"qui de plus en plus prend le nom de « carrefour Mère-Enfant ». Si vous préférez les bus de la SOTRA, rendez-vous à Adjamé Liberté et demandez l’arrêt des bus Express. Le bus numéro 610 vous mènera directement à l’Hôpital Mère-Enfant de Bingerville. Hors mis ces deux moyens de transport, vous pouvez solliciter un taxi compteur quel que soit votre position à Abidjan et demander au chauffeur de vous emmener à Bingerville à l’Hôpital Mère-Enfant.

De loin, à voir la façade de cet édifice, tu ne peux pas imaginer qu’il s’agit d’un hôpital. En tout cas, pas comme ces hôpitaux que nous avons l’habitude de voir au pays. La façade en verre fait plutôt penser à un hôtel 4 ou 5 Etoiles. Deux accès bien séparées permettent d'entrer et sortir de l’hôpital. A l’intérieur, c’est une vaste cours qui s’étend sous vos pieds avec des espaces verts, des parkings et un héliport. Même s’il n’y a pas assez de places pour les véhicules à l’intérieur, ce n’est pas un problème (par deux fois j’ai été obligé de me garer à l’extérieur car il n’y avait plus aucune place à l’intérieur) ; Le parking extérieur est aussi sous surveillance.

Pour accéder au hall, deux  paires de portes  coulissantes avec ouverture automatique. Lors de ma deuxième visite, une maman qui me suivait s’est même exclamé : « Tchié[1] ! On ne touche même pas la porte et elle s’ouvre. » Et oui ! c’est bien cela. 

Hall de l’hôpital Mère-Enfant de Bingerville
A peine entré dans le bâtiment, le sentiment de se trouver dans un hôtel 4 ou 5 Etoiles s’accentue : Comptoir de réception tenu par des jeunes et belles dames dans leurs uniformes bleu violet vous accueillent ; deux TV Ecran LED 50 pouces accrochées à deux colonnes verticales en bois cirés proposent l’un, une chaîne d’information en continue et l’autre, des bandes dessinées ;  Du côté droit, un traiteur propose une viennoiserie, une pâtisserie, une sandwicherie, des jus et sucreries. Il y a même aussi une petite librairie et un espace de jeu pour enfants.  

Je m’approche du comptoir. Une des filles s’empresse de se mettre à mon service avec un sourire des plus éblouissants qui pourrait même soulager un malade. Avec politesse, elle m’indique l’accès à l’hospitalisation après couche. Je suis la direction en passant par l’escalier situé à ma gauche (j’aurais pu aussi utiliser l’ascenseur) qui débouche sur un long couloir. Lorsque je retrouve l’accouchée, elle ne tarit pas d’éloge pour les sages femmes, infirmières et autres membres de l’équipe qui l’ont reçu au petit matin lorsque le travail a commencé. Elle dit avoir été tellement bien reçu qu’elle se demandait si elle était bel et bien dans un hôpital à Abidjan. En effet, elle est à sa troisième maternité. Lors de son premier accouchement, elle était dans un hôpital public à Yopougon. Lors de son deuxième accouchement, elle était dans une clinique dans le quartier huppée de Cocody. Pourtant, ce troisième accouchement restera à jamais gravé dans sa mémoire tellement le service a été au-dessus de tout ce qu’elle pouvait imaginer. 
En sa présence, j’ai personnellement vu défiler tour à tour, une pédiatre, une diététicienne, un médecin et une infirmière. Tous à ses petits soins. Initialement, elle avait jugé le coût de la prestation d’accouchement très élevée puisque cela correspondait à peu près à ce qu’elle avait payé lors de son accouchement précédent dans une clinique. Cependant, après tout ce qu’elle a vécu comme expérience dans cet hôpital dédié à la mère et à l’enfant, elle a fini par conclure que le prix n’est rien, comparé au service qu’elle a reçu. Un service de qualité avec du personnel dévoué, motivé et disponible.

Si je me permet d’écrire ces quelques lignes, ce n’est nullement pour faire de la pub. J’écris surtout pour attirer l’attention de tous les ivoiriens, des dirigeants de l’hôpital ainsi que des autorités gouvernementales sur la nécessité de maintenir le standard actuel de l’Hôpital Mère-Enfant Dominique Ouattara de Bingerville.

En fait, nous sommes bien forts dans la réalisation des ouvrages et les inaugurations à grandes pompes. Mais lorsqu'il vient le temps d’en assurer l’entretien et le maintien, nous manquons de moyens. Il n’y a pas de budget. Et très vite, nous laissons les ouvrages tomber en ruine. 
Pendant que je circulais dans les allées de l’Hôpital Mère-Enfant Dominique Ouattara de Bingerville et que j’admirais ses décorations murales, les jets d’eaux centraux, les équipements des chambres et autres, je me demandais bien à quoi tout cela ressemblerait dans 3, 5 ou 10 ans. La qualité du service sera-t-elle la même ? Les ascenseurs seront-ils toujours fonctionnels ? Les chambres seront-elles toujours dans un bon état de propreté avec tous les équipements actuels ? Les visiteurs ne dormiront-t-ils pas dans le hall, dans les allées et dans les chambres ? Les lits, les matelas et les draps flanqués de la broderie "Hôpital Mère-Enfant" seront-ils encore disponibles ? Ne seront-ils pas emportés par le personnel soignant, les visiteurs ou les malades eux-mêmes, avec quelque fois la complicité des gardiens/vigiles ? Les sages femmes garderont-elles toujours le sourire devant les femmes souffrant des douleurs des contractions prénatales ? Le restaurant de l’hôpital proposera-t-il toujours des mets succulents et riches pour les nouvelles mamans ? Bref, ne tomberons-nous pas dans les travers des autres centres hospitaliers tels que le CHU de Yopougon qui jadis, fut une fierté pour l’Afrique de l’Ouest et fait aujourd'hui honte au pays en termes d’infrastructure?

Pour ne pas tomber dans cette situation, voici 4 gestes simples que je propose:

1. Respectez les règles et consignes

S’il vous plait, pour une fois, pour une fois, maintenons ce standard de façon continue. Cet hôpital est pour nos mamans, nos épouses, nos futurs enfants et petits-enfants. "Maman Dominique" n’a pas fait cela pour elle mais pour nous. Faisons tout pour le sauvegarder et le protéger. Je veux m’adresser à toi. Oui toi ! Toi qui aime la facilité, les raccourcis et le désordre. Toi le visiteur lambda, qui arrive toujours dernier mais qui veut être reçu le premier. Pardon ! Que tu sois orienté aux urgences ou pas, pour une fois, respecte les règles et les consignes établis dans cet hôpital. Fais ce qui est demandé et ne fais pas ce qui ne t’est pas autorisé. Avant de commencer à accuser les dirigeants et le corps médical de l’Hôpital Mère-Enfant,  s’il te plait, rassure-toi que tu respectes leur travail et les règles en vigueur dans de leur milieu. Si tu n’es pas prêt à respecter les règles, pardon, je te demande pardon, vas ailleurs avec tes millions. Ne viens pas nous embêter et "gâter" ce que les gens ont construit. Si tu es trop fâché aussi, va construire pour toi pour imposer tes règles.

2. Accentuer les contrôles

Aux responsables de l’hôpital. Je proposerais que vous continuiez à surveiller et superviser les travailleurs comme j’ai eu à le constater pendant mes deux visites. SUIVEZ, CONTRÔLEZ et si l’on trouve quelqu'un qui ne fait pas bien son travail, RENVOYEZ-le. L’hôpital Mère-Enfant ne doit pas être comme la fonction publique où on ne juge pas par la compétence mais par la proximité (c'est mon ami ou c'est ma connaissance).

3. Privilégier la compétence

Que seules les personnes compétentes, qualifiées et motivées à faire du bon travail soient maintenues à  leur poste. Si nous voulons que l’Hôpital Mère-Enfant soit une référence en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest, chers dirigeants soyez prêts à prendre des décisions courageuses et responsables. Ne tombez pas dans le piège de la complaisance et de la négligence. Mettez toujours la compétence et l’amour du travail bien fait au centre de la politique de gestion. Le clanisme et le tribalisme, bannissez-les. 

4. Bannir la fraude et la corruption

Il faudra que le conseil d’administration soit fort pour assurer que les fonds de l’hôpital ne sont pas détournés. Tout faussaire doit être traqué jusqu'à son dernier retranchement comme un bandit de grand chemin. L’argent de l’hôpital doit servir à l’hôpital et non à des fins personnelles, politiques ou politiciennes. La corruption, la fraude et les détournements de fonds, bannissez-les. En tout cas, je le dis dès maintenant haut et fort, soyons tous responsables. La gestion du bien public commence par chacun de nous.


As-tu d’autres suggestions pour que Mère-Enfant ne tombe pas en ruine et demeure une référence dans la prise en charge des enfants et des mamans de la Cote d’Ivoire et au-delà, de l’Afrique de l’Ouest ? Tu peux juste ajouter un commentaire. Sinon, partage ce post à tes amis pour les sensibiliser. Ton Clic pourrait faire la différence.





[1] Exclamation marquant l’étonnement

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