Je suis titulaire d’un diplôme d’Ingénieur en
Logistique et Transports de l’Ecole Supérieure de Commerce et d’Administration
des Entreprises à l’Institut National Polytechnique de Yamoussoukro.
Malgré mon diplôme de niveau Bac+5, il faut le dire, je n’ai pas eu un début de carrière
professionnelle aisé. En fait, à la fin de mes études, j’ai dû attendre six mois
avant d’avoir mon premier stage. Ce stage effectué dans une
usine d’égrenage de
coton dans le nord du pays, me permit de faire ma soutenance plus
tard. Le diplôme en poche, dix mois se sont encore écoulés avant que je n’obtienne
un premier emploi, un contrat à durée déterminée dans une société de négoce de
produits chimiques industriels en Zone 3 à Abidjan. Malheureusement, ce contrat fut
brusquement interrompu après seulement six mois, du fait de la crise militaire qu’a
connu notre pays en septembre 2002. Je suis donc resté sur le carreau à trimer
par ci et par là, en faisant de petits boulots pendant trois longues années.
C’est après cette période de disette remplie de doutes et de désespoirs, qu’une opportunité
se présenta à moi dans une ONG Internationale Danoise. L’ONGI venait d’implanter
son premier bureau à Tabou, dans le sud-ouest du pays. J’étais alors recruté comme Assistant
Logistique en charge de l’entreposage, avec un salaire mensuel de 150.000 FCFA. Cet
emploi me donna un regain d’espoir. La lueur de caresser mon rêve. En fait, dès
la fin de mes études supérieures en logistique et transports, je souhaitais faire carrière dans le secteur humanitaire. Je ne sais vraiment pas
d’où m’est venue cette envie. Je me souviens seulement que les premiers
documents que j’ai lus sur la logistique étaient ceux parlant de la logistique
humanitaire. Je ne pouvais donc pas bouder ma joie d’avoir à travailler dans
cette ONGI. Pourtant, 9 mois plus tard, mon contrat devait prendre fin pour des
raisons que je ne citerai pas ici. Mais comme on le dit, lorsque l’homme te
ferme une porte, Dieu t’ouvre un portail. Seulement un mois après cette dernière
déconvenue, je rejoignis une ONG Suédoise à Abidjan comme logisticien. J’étais alors
payé à 300.000 FCFA net pour un CDD de 12 mois renouvelable.
Après 12 mois de travail ardu pendant lesquels,
j’étais le seul logisticien au siège national d’une organisation ayant 4 bureaux à
l’intérieur du pays, arrivait le temps du renouvellement de mon contrat. Cette
reconduction de contrat fit l’objet d'houleuses discussions entre mon supérieur
hiérarchique et la directrice pays. Mon supérieur hiérarchique soutenait que
mon travail était professionnel et que j’accomplissais avec brio les taches
attendues. Je ne savais pas bien les motifs qui animaient la directrice mais il
semblait qu’elle trouvait mes efforts insuffisants. Elle énuméra
des plaintes reçues de certains collègues de l’organisation. Pour finir, mon
contrat fut quand même renouvelé. Toutefois, j’étais au bout de la démission tellement je
trouvais infondées, injustifiées et injustes, les reproches et plaintes proférés à mon égard. Il a
fallu le conseil avisé d’une collègue estimée pour me convaincre de ne pas démissionner.
Quelques mois plus tard, dans ce contexte
toujours tendu avec la directrice, je fus approché par le Directeur Générale
d’une entreprise qui nous fournissait en accessoires informatiques. Il voulait
me rencontrer pour un échange en privé. Vu les bonnes relations
professionnelles que nos deux entités entretenaient, je n’hésitai pas à donner
une suite favorable à sa requête. Le directeur général m’indiqua qu’il avait eu
le temps d’observer ma manière de travailler depuis que j’étais à ce poste dans
cette organisation. Il disait apprécié mon professionnalisme (voilà qui me
rassurait). Il continua en me demandant si je ne serais pas intéressé à
travailler avec lui. Je ne comprenais pas. Je lui demandai ce qu’il voulait
dire par « travailler avec lui ». Il clarifia son propos en disant
qu’il voulait m'offrir un poste dans son entreprise. Il me proposait
de doubler mon salaire (je ne sais pas s‘il savait déjà combien je gagnais). Il
ajouta qu’il m’offrirait un véhicule de service et bien d’autres avantages si
j’acceptais son offre. J’étais subjugué. Pour quelqu'un comme moi ayant passé plusieurs années à se chercher, ayant failli perdre son emploi, cette offre semblait bien être une aubaine. Et je suis certains que pour plusieurs jeunes
de mon âge, c’était une offre inédite. Pourtant, je rejetai poliment l'offre.
J’avais un projet professionnel bien clair : faire carrière dans l’humanitaire.
Bien que la proposition de ce chef d’entreprise fut une belle offre, je
considérai qu’elle ne cadrait pas avec mon projet professionnel. En effet, comme
je l’ai déjà dit, faire carrière dans le milieu humanitaire était mon rêve.
Aujourd'hui, je ne regrette pas du tout d’avoir
refusé cette offre. Je suis Regional Supply Chain Manager pour une ONGI. J’ai
effectué des missions exceptionnelles, dans des pays en crise aussi bien en
Afrique qu’en Asie, au service de mes semblables. Je suis heureux de ce que
j’ai pu accomplir pendant toutes ces années. Je demeure encore dans le secteur
humanitaire et je peux dire que je suis en train de réaliser mon rêve.
Je ne
dis pas que je n’aurais pas eu une bonne carrière dans le secteur privé si
j’avais accepté le boulot que m’offrait ce chef d’entreprise, sur un plateau
d’or sans avoir postulé ou fait un quelconque test. J’aurais certainement fait
une bonne carrière professionnelle car j’aime le travail et j’adore relever les
défis. Par contre, je me demande si j’aurai été aussi épanoui que je le suis
aujourd'hui. Je ne suis pas non plus certain que si mon contrat dans l’ONGI n’avait
pas été renouvelé, j’aurai pris la même décision de refuser l’offre du
directeur. Je dis seulement que je croyais déjà être à la bonne place. Il n’était donc pas question d’aller ailleurs.
Pourquoi est-ce que j’écris ceci ?
En écrivant ce post, je voudrais juste partager
cette courte expérience de ma vie avec tous ces jeunes qui sortent aujourd'hui
des grandes écoles et qui désirent tout de suite avoir les gros salaires et de
belles voitures. A tous, je demande d’abord de savoir ce que vous voulez. Il
est important d’avoir un objectif clair sur le plan professionnel. Ce qui vous
guidera dans le choix des formations complémentaires et des offres auxquelles
postuler pour votre épanouissement.
Bien entendu, votre premier emploi ne sera pas
forcement dans le domaine de votre rêve. Dans ce cas, vous pourrez le
considérer comme un tremplin pour faire vos premiers pas dans le monde
professionnel. Cette expérience devra vous permettre de cultiver des
vertus professionnelles comme le dynamisme, la flexibilité, le courage, l’ouverture
d’esprit, etc. Vous devriez profiter de ce tremplin pour apprendre le sens de
la hiérarchie et d’autres aspects de management. Peut-être, modifieriez-vous même votre
projet professionnel. En bref, ce premier boulot devrait vous permettre de
prendre l’élan nécessaire en maîtrisant les rudiments du métier par le lien entre
la théorie et la pratique.
D'autres par contre, commenceront directement
dans le domaine de leur rêve. Dans ce cas de figure, ils devront être focalisés
pour ne pas se laisser distraire par des offres qui pourraient les éloigner de leur
projet professionnel conséquence d'un manque d'épanouissement. Ils devront aussi être patients pour ne pas chercher à franchir les étapes
hiérarchiques sans avoir acquis les connaissances essentielles, fondements de leur réussite.
N’oubliez pas qu’il est important d’être
heureux dans ce que l’on fait. A mon avis, cela est même primordial. Si vous
avez de la chance, vous travaillerez plus de la moitié de votre vie. Alors, imaginez
un instant que vous devez être malheureux dans votre travail, vous seriez alors
malheureux plus de la moitié de votre vie. Ce qui serait déplorable.
Ne mettez donc pas la charrue avant les
bœufs. Rechercher l’expérience et l’argent vous suivra car votre expérience aura
toujours un prix. Dans le cas contraire, vous pourriez avoir l’argent rapidement
et ensuite stagner au même niveau. Alors, viendront les plus jeunes avec une tonne
d’expérience pour vous supplanter. Il n’y a pas plus malheureux que quelqu'un
qui n’évolue pas.
Mon propos pourrait être discutable. Mais en
écrivant, je ne cherche pas non plus à faire l’unanimité. Je désire juste
partager cette expérience de ma vie pour mes jeunes frères et sœurs.
Je reste ouvert aux commentaires.
Bonne lecture.
C'est touchant comme nous partageons le meme parcours!
RépondreSupprimerJ'en suis heureux...
SupprimerBeau parcours a poursuivre
RépondreSupprimerMerci. C'est encourageant.
SupprimerMerci pour votre partage. C'est très encourageant et utile!
RépondreSupprimerJe vous en prie. Je suis heureux que cela vous soit utile.
SupprimerJ'ai bossé sous sa supervision, cet homme est un modèle , un mentor.....il est extrêmement méticuleux, pointu en analyse et réflexion et il accueille toutes les suggestions et idées de son équipe...et il sait trancher quand il faut... Ce partage est enrichissant
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