Eh oui, de cadre dans une
multinationale, j’étais reconverti en propriétaire et gérant de restaurant. Vous
me demanderez peut être : Comment passe-t-on de cadre dans une multinationale
de téléphonie cellulaire à propriétaire gérant d’un restaurant ? Je ne saurais
vous l’expliquer moi-même car rien n’avait été planifié à l’avance. Toutefois,
dans mon cas il n’y a eu qu’un seul pas. Les circonstances de la vie ne nous
permettent-elles pas de nous découvrir nous-même ?
Bien que la cuisine soit une passion pour moi, je ne pensais pas un instant quitter mon poste de chef de service Informatique dans une multinationale de téléphonie mobile. C’est ce qui arriva pourtant. A la base, un problème de fraude de mon employeur vis-à-vis des impôts et taxes étatiques. Par conséquent, la boite devrait prendre des mesures économiques drastiques allant jusqu’à la réduction de son effectif. Et il se trouvât que je fusse parmi ceux qui devraient être mis à la touche. Malgré mes 8 années d’expérience ; malgré mes nombreux exploits ; le conseil d’administration n’avait pas hésité à me larguer comme un vulgaire employé. Avec en tout et pour tout un chèque de 16 millions de francs CFA de dommages. Ce jour-là, je me souviens comme si c’était hier. J’avais reçu le courrier de mon licenciement comme une massue sur la tête. C’est vrai que les bruits courraient que le conseil d’administration prendrait des mesures lourdes pour la circonstance. Mais aller jusqu’à imaginer que je serais licencié. Non ! Ni moi ni l’ensemble des employés ne croyions que je serais une des victimes du downsizing. Cela ne m‘avait même pas effleuré l’esprit à aucun moment. De toutes les façons, la sécurité que j’avais dans mon emploi semblait si certaine que je n’avais pas vu venir les choses. Et puis d’ailleurs, j’étais plus préoccupé par mon foyer qui battait de l’aile. Natalie, mon épouse, devenait de plus en plus méconnaissable. Pour un oui ou pour un non elle s’énervait. Je me demandais pourquoi ce brusque changement de comportement. Qu’est ce qui n’allait pas ? C’est vrai que le problème d’enfant nous pesait tous les deux. Mais je ne croyais pas que ce fut cela la raison. Nous étions à nos noces de chypre. Et jusque-là, nous n’avions pas eu la grâce d’avoir un enfant. Pourtant nous aurions tellement aimée expérimenter la joie de la paternité et de la maternité. Voilà que Dieu en avait décidé autrement. Au début, nous n’y pensions pas vraiment. Nous étions préoccupés par les voyages et nos projets immobiliers. Lors de la deuxième année de notre mariage, nous avons commencé à faire attention aux regards de notre entourage. Surtout à la mère de Natalie. J’avais remarqué qu’après chacune de ses visites à la maison familiale, Natalie revenait énervée. Elle avait fini par m’avouer que sa mère était la raison principale de cette colère. La mère de Natalie lui demandait toujours ce qu’elle attendait pour lui faire un petit fils. Au début, Natalie tenait tête à sa mère. Elle lui disait que le planning familial était une question entre elle et moi son mari. Toutefois, dans le souci de mettre fin à cette pression de ma belle-famille, Natalie et moi avions commencé à envisager une grossesse. C’est en ce moment que nous avons commencé à buter sur le problème. Natalie ne tombait toujours pas enceinte malgré nos calculs. C’était d’autant plus frustrant que Natalie avait souvent des retards de 2 à 3 voire 4 semaines qui pour finir n’étaient que des retards. Au fil du temps, la confusion s’installait dans nos esprits. Désormais, ce n’était plus la colère qui animait Natalie lorsqu’elle revenait de chez sa mère. Elle revenait plutôt affligée et déçue. Natalie ne comprenait pas pourquoi elle ne tombait pas enceinte. Elle était de plus en plus troublée. J’aurais aimé lui demander de réduire ses visites à la maison familiale. Mais de quel droit devrais-je lui demander de ne pas voir sa mère ? Elles étaient si proche l’une de l’autre. D’ailleurs comment Natalie interprèterait-elle ma requête ? Je fini par laisser faire. Un jour revenant de chez sa mère, Natalie avait les yeux rouge, presqu’en larme. Elle avait touché le fond comme on le dit. Le soir, elle ne mangea ni ne but. Directement, elle alla au lit. Toute la nuit, j’essayai par tous les moyens de la réconforter et de savoir ce qui s’était passé. En vain. Je compris alors que le mal était bien profond. Natalie pleura et pleura toute la nuit. A un certain moment, en sanglot, elle dit que c’est moi qui ne faisais pas ce qu’il fallait pour la mettre enceinte. J’aurais voulu l’accuser moi aussi. Mais ce n’était pas le moment. J’aimais tellement Natalie que je ne supportais pas de la voir souffrir ou couler une seule larme. J’étais prêt à tout faire pour ne pas qu’elle ressente une quelconque douleur fusse-t-elle physique ou émotionnelle. Je m’étais engagé à la protéger et je ne voulais pas faillir. Pourtant, ce soir-là, plus j’essayais de calmer Natalie, plus elle pleurait. Je me sentais impuissant devant ses larmes et à bout de force je fini par m’endormir. Je suppose que Natalie aussi avait été à bout de force et alors avait été emportée par le sommeil. Le lendemain matin, Natalie était revenue à la raison d’elle-même. La nuit avait fait son effet. Toutefois, je savais que ce n’était pas fini. Une plaie béante venait de s’ouvrir due certainement à cette incapacité de tomber enceinte. Natalie était désormais exposée pensais-je. Ce que Natalie avait dit la veille alors qu’elle pleurait m’avait touché. Et si c’était moi qui n’étais pas dans la capacité de féconder Natalie ? A l’insu de Natalie, j’avais donc pris rendez-vous avec un spécialiste de la stérilité masculine. Le Docteur Bahi me posa plusieurs questions et pour finir, me demanda de faire certains examens. Une semaine plus tard, j’avais les résultats. Il n’y avait aucune anomalie et j’étais entièrement apte. Toutefois, Docteur Bahi me conseilla sur le régime alimentaire, les exercices et certaines positions qui favoriseraient la fécondation. Avant de nous séparer, il me recommanda de faire aussi suivre Natalie par un spécialiste. J’étais soulagé mais pas au bout de mes efforts. Je ne savais pas comment dire à Natalie de se faire consulter par un spécialiste sans lui dire que je m’étais fait consulter. Et si c’était elle le problème, que ferais- je ? Du moins que ferions-nous ? Je ne voulus pas y penser. Je gardais toujours espoir que Dieu nous donnerait des enfants au moment opportun. Les jours suivants, ne furent pas meilleurs. A la colère de Natalie succéda un sentiment de haine à mon égard. Il devenait de plus en plus difficile de supporter cette attitude de Natalie à mon égard. Je ne pouvais pas non plus expliquer mes problèmes conjugaux à mon père ou à ma mère. De toutes les manières, ma mère serait la première à me dire de me séparer de Natalie. Depuis le début, ma mère n’avait pas souhaité que j’épouse Natalie à cause sa mère. Ma belle-mère croit toujours sa fille trop belle et trop éduquée pour moi. Et cela, ma mère ne le supportait pas. C’est sur l’insistance de mon père que ma mère avait fini par s’impliquer corps et âme dans l’organisation du mariage. Toutefois la tension restait palpable entre ma mère et ma belle-mère. Nous le savions Natalie et moi. Cependant nous feignions de ne pas en parler pour ne pas mettre à mal notre couple. De ce fait, je ne pouvais aller ni vers ma mère ni vers mon père pour expliquer ce qui se passait dans mon foyer. Ma mère me ferait toute une suite de leçons pour n’avoir pas renoncé à épouser la fille de M Zouhon. Seul mon meilleur ami Paul était digne de confiance et pouvait me soutenir. Je fis part de toute cette histoire à Paul. Mon ami n’appréciait pas que je n’ai pas informé Natalie avant de faire le test. Pas plus que je ne lui ai pas fait part du résultat de ces examens. « Au-delà de tout cela, il y a anguille sous roche ». Finit par me dire Paul.
Bien que la cuisine soit une passion pour moi, je ne pensais pas un instant quitter mon poste de chef de service Informatique dans une multinationale de téléphonie mobile. C’est ce qui arriva pourtant. A la base, un problème de fraude de mon employeur vis-à-vis des impôts et taxes étatiques. Par conséquent, la boite devrait prendre des mesures économiques drastiques allant jusqu’à la réduction de son effectif. Et il se trouvât que je fusse parmi ceux qui devraient être mis à la touche. Malgré mes 8 années d’expérience ; malgré mes nombreux exploits ; le conseil d’administration n’avait pas hésité à me larguer comme un vulgaire employé. Avec en tout et pour tout un chèque de 16 millions de francs CFA de dommages. Ce jour-là, je me souviens comme si c’était hier. J’avais reçu le courrier de mon licenciement comme une massue sur la tête. C’est vrai que les bruits courraient que le conseil d’administration prendrait des mesures lourdes pour la circonstance. Mais aller jusqu’à imaginer que je serais licencié. Non ! Ni moi ni l’ensemble des employés ne croyions que je serais une des victimes du downsizing. Cela ne m‘avait même pas effleuré l’esprit à aucun moment. De toutes les façons, la sécurité que j’avais dans mon emploi semblait si certaine que je n’avais pas vu venir les choses. Et puis d’ailleurs, j’étais plus préoccupé par mon foyer qui battait de l’aile. Natalie, mon épouse, devenait de plus en plus méconnaissable. Pour un oui ou pour un non elle s’énervait. Je me demandais pourquoi ce brusque changement de comportement. Qu’est ce qui n’allait pas ? C’est vrai que le problème d’enfant nous pesait tous les deux. Mais je ne croyais pas que ce fut cela la raison. Nous étions à nos noces de chypre. Et jusque-là, nous n’avions pas eu la grâce d’avoir un enfant. Pourtant nous aurions tellement aimée expérimenter la joie de la paternité et de la maternité. Voilà que Dieu en avait décidé autrement. Au début, nous n’y pensions pas vraiment. Nous étions préoccupés par les voyages et nos projets immobiliers. Lors de la deuxième année de notre mariage, nous avons commencé à faire attention aux regards de notre entourage. Surtout à la mère de Natalie. J’avais remarqué qu’après chacune de ses visites à la maison familiale, Natalie revenait énervée. Elle avait fini par m’avouer que sa mère était la raison principale de cette colère. La mère de Natalie lui demandait toujours ce qu’elle attendait pour lui faire un petit fils. Au début, Natalie tenait tête à sa mère. Elle lui disait que le planning familial était une question entre elle et moi son mari. Toutefois, dans le souci de mettre fin à cette pression de ma belle-famille, Natalie et moi avions commencé à envisager une grossesse. C’est en ce moment que nous avons commencé à buter sur le problème. Natalie ne tombait toujours pas enceinte malgré nos calculs. C’était d’autant plus frustrant que Natalie avait souvent des retards de 2 à 3 voire 4 semaines qui pour finir n’étaient que des retards. Au fil du temps, la confusion s’installait dans nos esprits. Désormais, ce n’était plus la colère qui animait Natalie lorsqu’elle revenait de chez sa mère. Elle revenait plutôt affligée et déçue. Natalie ne comprenait pas pourquoi elle ne tombait pas enceinte. Elle était de plus en plus troublée. J’aurais aimé lui demander de réduire ses visites à la maison familiale. Mais de quel droit devrais-je lui demander de ne pas voir sa mère ? Elles étaient si proche l’une de l’autre. D’ailleurs comment Natalie interprèterait-elle ma requête ? Je fini par laisser faire. Un jour revenant de chez sa mère, Natalie avait les yeux rouge, presqu’en larme. Elle avait touché le fond comme on le dit. Le soir, elle ne mangea ni ne but. Directement, elle alla au lit. Toute la nuit, j’essayai par tous les moyens de la réconforter et de savoir ce qui s’était passé. En vain. Je compris alors que le mal était bien profond. Natalie pleura et pleura toute la nuit. A un certain moment, en sanglot, elle dit que c’est moi qui ne faisais pas ce qu’il fallait pour la mettre enceinte. J’aurais voulu l’accuser moi aussi. Mais ce n’était pas le moment. J’aimais tellement Natalie que je ne supportais pas de la voir souffrir ou couler une seule larme. J’étais prêt à tout faire pour ne pas qu’elle ressente une quelconque douleur fusse-t-elle physique ou émotionnelle. Je m’étais engagé à la protéger et je ne voulais pas faillir. Pourtant, ce soir-là, plus j’essayais de calmer Natalie, plus elle pleurait. Je me sentais impuissant devant ses larmes et à bout de force je fini par m’endormir. Je suppose que Natalie aussi avait été à bout de force et alors avait été emportée par le sommeil. Le lendemain matin, Natalie était revenue à la raison d’elle-même. La nuit avait fait son effet. Toutefois, je savais que ce n’était pas fini. Une plaie béante venait de s’ouvrir due certainement à cette incapacité de tomber enceinte. Natalie était désormais exposée pensais-je. Ce que Natalie avait dit la veille alors qu’elle pleurait m’avait touché. Et si c’était moi qui n’étais pas dans la capacité de féconder Natalie ? A l’insu de Natalie, j’avais donc pris rendez-vous avec un spécialiste de la stérilité masculine. Le Docteur Bahi me posa plusieurs questions et pour finir, me demanda de faire certains examens. Une semaine plus tard, j’avais les résultats. Il n’y avait aucune anomalie et j’étais entièrement apte. Toutefois, Docteur Bahi me conseilla sur le régime alimentaire, les exercices et certaines positions qui favoriseraient la fécondation. Avant de nous séparer, il me recommanda de faire aussi suivre Natalie par un spécialiste. J’étais soulagé mais pas au bout de mes efforts. Je ne savais pas comment dire à Natalie de se faire consulter par un spécialiste sans lui dire que je m’étais fait consulter. Et si c’était elle le problème, que ferais- je ? Du moins que ferions-nous ? Je ne voulus pas y penser. Je gardais toujours espoir que Dieu nous donnerait des enfants au moment opportun. Les jours suivants, ne furent pas meilleurs. A la colère de Natalie succéda un sentiment de haine à mon égard. Il devenait de plus en plus difficile de supporter cette attitude de Natalie à mon égard. Je ne pouvais pas non plus expliquer mes problèmes conjugaux à mon père ou à ma mère. De toutes les manières, ma mère serait la première à me dire de me séparer de Natalie. Depuis le début, ma mère n’avait pas souhaité que j’épouse Natalie à cause sa mère. Ma belle-mère croit toujours sa fille trop belle et trop éduquée pour moi. Et cela, ma mère ne le supportait pas. C’est sur l’insistance de mon père que ma mère avait fini par s’impliquer corps et âme dans l’organisation du mariage. Toutefois la tension restait palpable entre ma mère et ma belle-mère. Nous le savions Natalie et moi. Cependant nous feignions de ne pas en parler pour ne pas mettre à mal notre couple. De ce fait, je ne pouvais aller ni vers ma mère ni vers mon père pour expliquer ce qui se passait dans mon foyer. Ma mère me ferait toute une suite de leçons pour n’avoir pas renoncé à épouser la fille de M Zouhon. Seul mon meilleur ami Paul était digne de confiance et pouvait me soutenir. Je fis part de toute cette histoire à Paul. Mon ami n’appréciait pas que je n’ai pas informé Natalie avant de faire le test. Pas plus que je ne lui ai pas fait part du résultat de ces examens. « Au-delà de tout cela, il y a anguille sous roche ». Finit par me dire Paul.
-
Pourquoi dis-tu qu’il y a anguille sous
roche ? Demandais-je à mon ami. Crois-tu que je ne te dis pas la
vérité ?
-
Non ! Il ne s’agit pas de toi Jacques. Mais
de Natalie.
-
Comment ? Quoi ? Répliquai-je.
-
Tu es mon ami. Que dis-je ? Tu es mon
frère. Ne crois-tu pas que ce soit la mère de Natalie qui soit entrain de la
monter contre toi ? Tu te souviens bien que ta belle-mère a toujours été
contre ce mariage.
-
Non Paul ! Je ne crois pas. Tu sais bien
que Natalie n’obéit pas à la lettre à sa mère.
-
Je suis d’accord Jacques. Alors pourquoi Natalie
te tourne-t-elle le dos ? Pourquoi nourrit-elle cette haine subite envers
toi ?
Ce que Paul
disait avait du sens. Je n’y ajoutai aucun mot. J’avais encore besoin de réfléchir.
-
Alors… Reprit Paul. Soit sa mère la pousse à te
quitter mais elle ne peut pas te le dire pour ne pas être celle qui demande le
divorce. Soit elle a un amant.
Au fond de moi je ris. Natalie,
un amant ?
-
Paul, je ne te permets pas de tels propos à
l’égard de ma Natalie. Tu crois vraiment que Natalie ferait cela. Ni l’un ni
l’autre des cas que tu présentes n’est réaliste. C’est vrai qu’elle pourrait être
influencée par sa mère. Mais dire que Natalie a un amant ? Je suis désolé
Paul mais je crois que tu ne m’aides pas vraiment.
Sur ce je quittai Paul en lui
disant au revoir, sans même lui serrer la main. A la maison, les propos de Paul
me taraudaient encore. Je ne finissais pas de me poser des questions. Pourquoi Paul
avançait-il des propos aussi graves sur Natalie ? Pourquoi Natalie
verrait-elle quelqu’un d’autre ? Pour prendre une grossesse et me la
coller ? Si c’était le cas, pourquoi n’était-elle pas tomber enceinte
depuis ? Pourquoi de temps à autre se donnerait-elle à moi ? Était-ce
pour que je ne sois pas surpris si éventuellement elle tombait enceinte ?
Mais alors cela supposerait qu’elle considère que je ne suis pas fécond. Sur
quelle base admettrait-elle cette hypothèse puisque je ne lui ai rien dit
des résultats de mes analyses? C’est dans ce tohubohu de questions réponses
qu’en marchant le long de la voie, je m’étais retrouvé sur une montagne très
haute. Plus bas, j’entendais Natalie crier au secours. Du haut de la montagne, j’apercevais
un groupe de personnes qui s’avançaient vers Elle. A leur tête un gaillard dont
je ne percevais pas le visage. Le gaillard tenait en main une longue machette.
Il était clair que leur intention était d’attaquer Natalie. Tout d’un coup, du
haut de la montagne, je sentis quelqu’un me bousculer. Je n’eus pas le temps de
me tourner pour voir le visage de celui qui m’avait bousculé que mes pieds se
détachèrent du sommet de la montagne. Celui qui m’avait projeté m’avait accroché
à une corde qu’il tenait fermement. Je planai donc jusqu’au bas de la montagne
en direction de Natalie. Avec mes deux mains, j’arrachai ma femme du sol juste
au moment où ses agresseurs devaient l’atteindre. Subitement, alors que je croyais
remonter avec Natalie, la corde se rompit et nous voici projetés à environ 200
mètres du lieu où j’avais arraché Natalie du sol. Maintenant les agresseurs
nous poursuivaient dans la vallée. Je tenais toujours la main de Natalie qui
souffrait d’une forte douleur au niveau du cou à cause de la chute. Dans la
course, mes jambes s’alourdissaient et l’écart entre nous et nos poursuivants
se réduisait de plus en plus. Subitement, il eut une avalanche. Une des
montagnes qui nous entouraient se brisa.
De grosses pierres roulèrent à notre droite du haut de la montagne vers
le bas dans la vallée. Les pierres allaient s’écrouler sur nous. Avec beaucoup
d’effort je tirais Natalie. Les grosses et tranchantes pierres se déversèrent
dans la vallée derrière nous. Nos poursuivants furent tous engloutis. Enfin délivré,
je tournai le regard vers Natalie pour m’assurer qu’elle allait bien. Elle me sourit
et me prit dans ses bras. Je la serrai très fort contre moi. Je la sentais
aussi me serrer. Puis Natalie chuchota à mon oreille « Ne me quitte jamais
Jacques mon chérie. ». C’était agréable d’entende cela de mon épouse. Mais
le coup d’un léger objet sur ma tête me sorti de mon sommeil. J’ouvris les
yeux. Natalie se tenait debout devant moi : « Ce n’est pas le bon
endroit pour faire la sieste Jacques. Vas dans la chambre » dit-elle. Je passai alors la main sur le
visage, j’écarquillai les yeux pour mieux comprendre ce qui m’arrivait. Je
venais de faire un rêve dans le divan de mon salon. J’aurais tellement voulu
étreindre Natalie comme dans mon rêve, mais elle était déjà sortie. Le sommeil
ne me revint plus jusqu’au soir. Que pouvait bien signifier ce rêve ? Qui
en voulait à Natalie ? Etait-elle en danger ? Le lendemain matin, c’est
en cherchant toujours à comprendre la signification de mon rêve que je m’étais rendu au bureau. Et
comme si cela ne suffisait pas, le directeur général lui-même m’avait appelé dans
son bureau. Avec des mots bien préparés, il m’avait remis en main propre le
courrier de licenciement qui allait changer le cours de ma vie. Le soir, c’est
avec la gorge nouée de colère et le cœur rempli de ressentiment que j’avais
quitté le bureau. Comment annoncerais-je à Natalie que je venais de perdre mon
emploi ? Dans tous les cas, je ne pouvais pas lui cacher la vérité. En
attendant, je fis un tour chez Paul que je n’avais plus contacté depuis notre dernière
altercation. Je lui fis part de la nouvelle. Paul fut très surpris. Lui aussi
ne pouvait pas imaginer cette fin. Toutefois, il m’encouragea et me promit son
soutien infaillible. Arrivé à la maison le soir, j’avais attendu impatiemment
que Natalie rentre du travail pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Mais ce
soir-là Natalie rentra plus tard que d’habitude. Elle me trouva dans la
chambre. Je ne voulus pas la questionner sur le fait qu’elle rentrait tard. Cela
compliquerait encore la situation. Il fallait aller droit au but.
-
Chérie, j’aimerais te parler s’il te ...
-
Quoi ? M’avait-elle coupé net. Ne vois-tu pas
les embouteillages qu’il y a ces derniers temps ?
Ces derniers
jours, Natalie était devenue tout sauf celle que j’avais connue. Elle était
devenue très impulsive. Elle vociférait pour un oui ou pour un non. Je ne
pouvais même plus lui faire aucun reproche. Mais je devais calmer le jeu.
J’avais opté pour le calme et je maintenais cela.
-
Chérie je veux te parler de moi s’il te plait.
-
Je t’écoute et arrêtes cette solennité s’il te
plait. Je suis fatiguée.
-
Ok ! Si tu veux on en parle plus tard, le
temps que tu prennes une bonne douche.
J’avais dit cela pour lui montrer
que je la comprenais et que cela n’avait rien à voir avec son retard à la
maison. Mais Natalie insista et s’assit sur le bord du lit. Je prie alors le
courrier que m’avait remis le directeur et le tendis à Natalie : « Je
viens d’être licencié ». Ajoutai-je.
Natalie n’avait pas dit un seul
mot et avait pris le courrier de ma main. Elle la parcourut pendant un moment
qui me parut une éternité car j’attendais sa réaction. J’imaginais qu’elle
lisait et relisait le courrier car elle ne le quittait pas des yeux. Au bout de
quelques minutes, elle se leva et entra dans la douche. Lorsqu’elle en ressortit
s’était pour se coucher et dormir. Pour moi la nuit était réellement ténèbres
car je ne trouvais pas le sommeil. Je n’avais aucune idée de ce qui se passait
dans la tête de ma dame. Les jours suivants, Natalie rentrait tard le soir. Elle
ne m’adressait presque pas la parole. Et quand je lui parlais, à peine me
répondait-elle. Cela a duré 4 jours. J’avais espéré que Natalie et moi discuterions de la mise en
place d’un nouveau plan de gestion familiale. Mais non. Natalie rentrait à la
maison beaucoup plus tard et repartait beaucoup plus tôt le lendemain. D’ailleurs,
elle ne dinait plus à la maison. Le dernier jour de la semaine, je m’étais
promis que nous en discuterions. Mais lorsqu’elle fut rentrée à la maison, elle
semblait très épuisée. Elle prit une douche rapide et se mit à table. A peine
avait-elle pris deux bouchées que son téléphone dans la chambre sonna. Elle se
leva et alla décrocher. Puisqu’elle ne ressortait pas, je décidai de l’y rejoindre.
Mais au moment où j’ouvrais la porte, Natalie finissait son appel téléphonique.
Tout ce que j’avais pu entendre était un bout de phrase : « …serai là
demain dans la matinée ». Puis elle raccrocha. Alors je voulus en savoir
plus.
-
Chérie, demain est samedi. Où seras-tu dans la
matinée ?
A ma question, Natalie ne
répondit rien. Elle ne retourna pas non plus à table. Elle se blottit dans son
drap et ferma les yeux comme si elle n’avait rien entendu de ma question. Le
lendemain matin, Natalie avait fait toutes ses affaires. Elle me fit assoir et me
dit qu’elle me quittait.
-
Tu peux garder les ustensiles, les mobiliers et
autres. Mais s’il te plait ne me pose aucune question car je n’ai rien d’autre
à te dire. Avait-elle conclu.
-
Puis-je au moins savoir où tu pars ? Demandais-je
quand même.
Mais Natalie m’avait répondu que
cela n’avait aucune importance. « Tu peux refaire ta vie et m’oublier
Jacques. » Avait-elle ajouté aussi froidement que je vous l’écrit. Je n’en
revenais pas mais c’était la réalité. J’avais perdu mon emploi et la seule
personne qui pouvait m’apporter son amour et sa consolation me quittait sans
explication. Voilà comment je me suis retrouvé en l’espace d’une semaine sans
emploi et de surcroit sans épouse. Heureusement que Paul avait été là. Les bons
amis ne vous abandonnent pas lorsque vous êtes dans les cordes. J’étais dans
les cordes et Paul Gougnan était là. Grâce à lui, je peux le dire, je suis en
train de remonter la pente. Les choses commençaient à sentir bon pour moi.
Contrairement à l’instabilité que j’avais subit après le départ de ma femme. Et
pour cause. Les semaines qui avaient suivi le départ de Natalie, sur le conseil
de Paul, je m’étais rendu plusieurs fois chez ma belle-famille. Personne ne
voulait me recevoir. J’étais devenu comme un indésirable chez les Zouhon. Même
le chien de la famille qui d’habitude n’était pas violent m’aboyait dessus
lorsque je m’annonçais. Natalie, aussi n’était plus joignable. Je crois qu’elle
avait dut changer son numéro de téléphone pour ne plus m’entendre. Etait-elle
encore dans la capitale ? Pour avoir le cœur net, je m’étais rendu sur son
lieu de travail, à une heure de travail. A ma grande surprise, sa voiture
n’était pas dans le parking. Le vigile m’informa plus tard qu’il n’avait pas vu
Natalie venir au bureau depuis quelques jours. Heureusement j’avais le numéro
de sa collègue. Victoire m’informa succinctement qu’elle ne pouvait me dire
précisément où se cachait Natalie. Elle me confirma néanmoins que sa collègue
était dans la capitale, dans un autre bureau où elle avait été promue Sous-chef
d’agence. A cause de l’amitié qu’il y avait entre elle et Natalie, Victoire ne
pouvait pas me donner plus de détail. Je compris alors que Natalie avait
verrouillé toutes les portes qui me permettraient de la retrouver. Alors je
devais refaire ma vie « Mais pas mon mariage » me disais-je. J’aime
encore Natalie malgré tout. Et nous étions toujours mariés devant la loi
humaine et divine. Parlant de refaire ma vie, pourquoi ne pas être à mon propre
compte ? Pensais-je. De toutes les façons mon employeur me payait 16
millions de francs CFA. Je devrais faire bon usage de cet argent et le faire fructifier
avant qu’il ne se noie dans les futilités. C’est donc ainsi que Paul me suggéra
de me lancer dans la restauration vu que je suis un passionné de cuisine.
J’avais hésité mais Paul avait réussi à me convaincre. Et il n’avait pas eu
tort. En effet, depuis la perte de mon emploi et le départ de Natalie, il faut
le dire, je n’avais plus senti une aussi grande exultation que ces derniers
jours. Non seulement mon restaurant ne désemplissait pas depuis son
inauguration. Mais aussi l’Espace Bananier était devenu une référence dans
l’Est du pays. Aussi le comité d’organisation du concours MISS avait-il choisi
mon cadre pour sa finale régionale. A cette allure, il est clair, nous
recevrons des clients de toutes les parties du pays.
Depuis que la publicité de la
finale du concours MISS régionale avait commencé à passer sur la radio nationale,
l’Espace Bananier ne désemplissait pas. Les Weekends, les clients venaient même
des régions environnantes et d’autres de la capitale. Et ce n’était pas pour me
déplaire. J’avais besoin de clouer le bec à tous ceux qui pariaient que je faisais
fausse route en investissant mes revenus dans la restauration. A commencer bien
sûr par mes parents. Quelques jours après que Natalie m’ait quitté, je m’étais
rendu chez mes parents pour leur donner la nouvelle. Ma mère s’était réjouie du
départ de Natalie. Non seulement elle n’appréciait pas l’attitude hautaine de
ses parents ; Mais aussi, elle se réjouissait que je puisse maintenant
prendre une femme qui me ferait des enfants. Mon père quant à lui, était déçu.
Il s’en voulait de m’avoir encouragé à prendre la fille de Monsieur Zouhon
comme épouse. Toutefois, pour moi, le plus important était ma situation
professionnelle. Aussi annonçais-je à mes parents mon projet d’ouvrir un
restaurant. Pour la première fois ma mère et mon père partageaient un point de
vue identique à mon sujet. Tous deux avaient systématiquement réagit
négativement. Pour mes parents, il était inacceptable que je devienne un
« restaurateur ». Selon ma mère, je tombais au très bas de l’échelle sociale
en faisant ce métier. Elle s’imaginait déjà la risée de toutes ses copines.
Elle qui était si fière de parler de son fils ; Diplômé de l’Institut
National Polytechnique ; Troisième de la promotion de fin de cycle des
ingénieurs Informaticiens ; Employé dans une multinationale opérant dans
la communication téléphonique. Nommé 3 fois meilleur employé de sa société;
Décoré Chevalier de l’Ordre National par le Président de la République en
personne et j’en passe. Elle n’entrevoyait pas comment annoncer à ses amies que
son fils gère maintenant un restaurant. C’était pire que d’être au chômage
selon elle. Cependant, je ne m’étais pas attardé dans de vaines tentatives de
les convaincre. Ma décision était prise soutien parental ou non. J’étais assez
majeur pour décider de mon avenir professionnel. De toutes les façons, le financement
n’était pas un problème. Le seul problème était le lieu où j’implanterais mon
business. Et à ce sujet, je savais que je pouvais encore compter sur Paul. A ce
sujet, mon ami m’avait conseillé de m’installer hors de la capitale à cause de
mon concept assez particulier. « Dans tous les cas, ce concept est unique
et aujourd’hui les hommes préfèrent sortir de la capitale pour se détendre vers
la campagne.» Avait ajouté Paul. En plus de cela, stratégiquement, c’était une
bonne idée. En effet, le prix des terrains dans la capitale coutait les yeux de
la tête. C’est ainsi que je me suis installé dans cette région de l’Est du pays
à quelques deux heures de route de la capitale. L’Espace Bananier était établit
sur un terrain de 3 hectares. Ce qui faisait sa particularité c’était son
concept en lui-même. Le décor était constitué de plants des différents types de
bananiers qui se cultivaient dans le pays. Le menu était des recettes modernes
et traditionnelles à base de banane de l’entrée au dessert en passant par le
plat de résistance. En plus de cela, l’Espace Bananier était ouvert du matin au
soir. Ainsi à tout moment de la journée, l’on pouvait trouver à l’Espace
Bananier, des recettes de bananes sous toutes ses formes. A ce jour, seulement
le quart de l’espace était occupé par le restaurant avec sa cuisine, son bar et
2 petites chambres ; L’une servant de repos pour moi et l’autre comme
chambre de rechange pour les serveuses. La construction n’avait pas couté trop chère
car la structure était faite en brique de terre cuite.
Avec l’annonce du concours Miss,
je savais que les clients viendraient de partout. Les uns pour découvrir le
lieu et les plus habitués pour profiter de nos plats exquis et du cadre.
C’était donc une belle occasion de se faire connaitre à une échelle nationale.
D’où l’idée d’organiser un diner le lendemain de la finale du concours MISS. A
cet effet, des cartes d’invitation
personnalisées avaient été imprimées et distribuées à nos clients habituels.
Dans la foulée, d’autres cartes standards avaient aussi été imprimées et
offertes à nos invités afin de leur permettre d’inviter des couples amis qui
eux paieraient leur participation au diner. Tout ceci s’était déroulé en un
temps record car c’est seulement au dernier moment que nous avions eu cette
lumineuse idée. J’avais donc invité mon ami Paul pour me tenir compagnie et me
faire oublier ma solitude devant tous ces couples qui feraient le déplacement.
Il arriva le jour avant le diner.
La soirée Miss fut une belle
réussite. Avant de nous en dormir, Paul et moi fîmes le bilan. Il n’y avait eu aucune
fausse note. De la mise en place des convives au rafraichissement en passant
par le décor, tout avait été bien envoyé. Paul me félicita et j’éprouvai
une réelle sensation de fierté mais surtout de reconnaissance envers lui.
-
Paul ! C’est à toi que je dois le merci. Tu
as toujours été présent pour me soutenir. Tu as cru en moi là où je ne croyais
pas pouvoir m’en sortir.
-
De rien Jacques. C’est Dieu qui m’a utilisé pour
que tu sois ce que tu es en train de devenir. Justement, je crois qu’il faudra
envisager de bâtir sur ce site un hôtel. Qu’en penses-tu ?
-
C’est une bonne idée Paul. Je vais commencer à plancher
sur le projet.
Sur ces échanges, la belle et
tendre Morphée vint nous prendre dans ses bras. Le lendemain matin, les rayons
du soleil qui forcèrent le passage par nos fenêtres en bois nous obligèrent à
nous détacher des bras de la douce Morphée. La soirée était spéciale et nous
devrions nous endimancher pour le diner. En le disant, je n’arrêtais pas de
penser à Natalie et aux soirées auxquelles nous avions pris part. Je me rendais
compte combien elle me manquait. Et jusqu’à ce jour, je n’avais toujours pas trouvé
les raisons du départ de Natalie. Etait-ce à cause de mon chômage ? Aurait-elle
eu honte d’être l’épouse d’un homme au chômage ? Était-ce à cause du problème
d’enfantement ? Natalie m’accuserait-elle d’être le problème à notre stérilité ?
Pourquoi ne pas avoir voulu en discuter ouvertement ? Je ne comprenais
toujours pas. J’aurais tellement aimé la croiser un jour pour lui poser toutes
ces questions ? Toutes les tentatives de la retrouver ayant été vaines,
j’attendais que la providence la mette sur mon chemin un jour. En attendant, je
devrais me concentrer sur l’organisation du diner.
En plein dans les préparatifs, je
ne vis pas passer le temps. Il était 18h et nous mettions les petits plats dans
les grands. Bientôt les convives feraient leur apparition. En regardant vers l’entrée
principale de l’espace, je vis Paul en compagnie de Caroline. Pourtant il ne
m’avait rien dit de l’arrivée de son épouse. Je m’empressai donc d’aller faire
mes civilités a Mme Gougnan.
-
Paul ne m’avait pas dit que tu serais là ce soir!
Dis-je en m’adressant à Caroline après que nous nous soyons installés au bar.
-
Désolé Jacques! Avait repris Paul. Depuis
longtemps Caroline n’arrête pas de demander à visiter l’Espace Bananier. Cette
soirée était donc une belle occasion. Mais en plein dans les préparatifs, j’ai
omis de te le dire.
-
Je t’en prie Paul. Au contraire c’est une belle
surprise et un réel plaisir de vous avoir tous les deux.
-
Jacques, repris Caroline. Félicitation pour le
grand boulot que tu as a abattu. Le cadre est soft, magnifique et naturel. Ce
qui me plait le plus c’est la façon dont tu as disposé les bananiers. Tu as
réellement beaucoup d’imagination.
-
Mme Gougnan, permet moi de t’appeler ainsi. C’est
grâce à mon ami Paul, ton mari. Qui serais-je sans son appui ?
Je remerciai encore
le couple d’avoir effectué le déplacement. Je les invitai à prendre place. Sans
eux, je me serais senti bien trop seul ce soir. Mais avant de rejoindre leur
place, Caroline se tourna vers moi.
-
Au fait Jacques! As-tu les nouvelles de
Natalie ?
-
Non ! pourquoi ? Répondis-je en
regardant successivement Paul et Caroline.
-
Ah bon ! Ok ! fit Caroline.
Je connaissais bien Caroline. Elle
nous cachait quelque chose. Et je ne pouvais pas la laisser partir ainsi sur
ces onomatopées qui en disaient long. Mais c’est Paul qui prit la parole en se
tournant vers son épouse.
-
Chérie as-tu des nouvelles ? As-tu rencontré
Natalie ? Questionna Paul visiblement aussi pressé que moi d’en savoir
plus.
-
D’accord ! je vais parler. Conclut Caroline
après des secondes de silence. Mais s’il vous plait les hommes, ne faites pas
de scandale.
Mes oreilles et mon cœur
semblaient suspendus aux lèvres de Caroline. La femme de Paul, nous annonça que
le matin même, elle avait rencontré Natalie dans le salon de coiffure où elle s’était
faite coiffer. Un peu gênée, Natalie lui aurait dit qu’elle était invitée à un
diner à l’intérieur du pays. Elle se préparait donc à faire le déplacement.
Sentant la gêne de Natalie, Caroline n’avait pas trouvé nécessaire d’en savoir
plus. Toutefois elle se disait que certainement Natalie faisait allusion au
diner de l’Espace Bananier. « Je m’étais dit que c’est toi Jacques qui
l’avait invitée à ton diner pour une réconciliation » avait-elle conclut. Mais
je n’avais invité personne à plus forte raison Natalie. D’ailleurs comment
aurais-je pu l’inviter puisque je n’avais même pas son contact. Alors quelqu’un
parmi mes clients l’aurait-elle invitée ? Non ! Caroline avait dit «…
elle était invitée à l’intérieur du pays ». Le pays est vaste et les
restaurants n’y manquent pas. Natalie a pu bien être invitée dans un autre
restaurant. Par ce raisonnement, j’espérais me convaincre que Natalie ne serait
pas ici. Pourtant au fond de moi j’aurais aimé voir celle que j’appelais ma
Princesse. Je sais que nous aurions eu beaucoup à se dire. Pourvu qu’elle soit
devenue compréhensive. Toutefois, l’idée qu’elle pourrait être accompagnée d’un
autre homme me fendait le cœur.
C’était maintenant l’heure. Des
couples étaient installés partout dans la cour. La musique jouait en sourdine
pour permettre aux invités de causer et surtout de s’entendre sans avoir à crier.
On avait servi l’entrée. Les couples en retards faisaient leur entrée dans
l’Espace Bananier. Les hôtesses les conduisaient à leurs places. Du Bar,
j’avais une vue panoramique sur tout l’espace. C’est ainsi que je pouvais contrôler
tous les faits et gestes de mes employés et m’assurer que le service se déroule
normalement. Mais ce soir, cette position était stratégique pour scruter
l’accès. Depuis que Caroline nous avait surpris avec l’information selon
laquelle Natalie pourrait être là ce soir, je n’avais pas arrêté de surveiller
l’entrée. De loin, j’avais vu tous les invités entrer. Je reconnaissais
certains clients. D’autres par contre m’étaient inconnus. C’était certainement
les invités de mes clients. On commençait à servir le plat de résistance.
Lorsque la dernière table fut servie, je marchai vers la table du couple
Gougnan.
-
Tout se passe-t-il bien ? Demandais-je à Paul et Caroline.
-
Oui cher frère. Répondit Paul. Tout va bien. Et
les plats sont exquis. j’ai adoré la soupe à la banane.
-
Moi j’ai aimé la salade de poulet aux bananes. Répliqua
Caroline. Je n’avais jamais imaginé que ce mélange serait aussi agréable en
bouche. Surtout que vous avez utilisé des produits et des parfums locaux.
-
Merci Caroline. Je vous souhaite un bon appétit
pour la suite. Au fait, auriez-vous aperçu Natalie quelque part dans la cour? Questionnai-je
avant de quitter Paul et Caroline.
-
J’avoue que NON ! répondit Paul. Nous
étions tellement occupés à déguster tes plats que nous ne pensions qu’a ce qui
passait sur notre table. Désolé !
-
Non c’est moi qui suis désolé de vous déranger
avec mes histoires de Natalie. De toutes les façons je ne crois pas qu’elle
soit ici. Je voulais juste me rassurer…
Sur ce, je pris congé du couple
Gougnan. Je voulais faire un stop à une autre table mais l’un de mes employés
me faisait signe de la main que quelqu’un avait besoin de moi au Bar. Je m’y
précipitai donc. C’était un inconnu qui souhaitait parler au propriétaire du
restaurant. M Diallo, c’est de lui qu’il s’agit, avait été invité par son
collègue. M Diallo se présenta comme le responsable du service crédit de la Banque
Internationale. Il tenait à me féliciter pour mon restaurant à thème. Il se proposait
de m’accompagner financièrement en cas de besoin. Je le remerciai et pris sa
carte de visite qu’il tenait à me donner.
C’était satisfaisant d’entendre
tous ces clients. Au moment où je m’apprêtais à m’installer derrière le bar, pour
continuer à scruter la cours, j’entendis quelqu’un enjamber la terrasse du bar.
Je me retournai. C’était Natalie. Elle s’avançait vers moi gracieusement avec son
sourire d’enfant. Elle était éblouissante dans sa robe bleu turquoise. Je
faillis ne pas la reconnaitre car elle me semblait amaigrie. Mon cœur battait à
la chamade. Fallait-il crier ? Fallait-il sourire et se jeter à son
cou ? Non, je gardai le calme. De toutes les façons, je n’avais pas
d’autres choix devant cette foule. Je restai planté comme un bois. Natalie
avançait. Lourdement, je fis un pas en avant. Elle me tendit la main en disant
mon nom. Je tremblais de tout mon corps mais je réussis à serrer cette main
frêle et douce qui avait plusieurs fois parcourut mon corps dénudé. Et
systématiquement elle me tendit la joue. J’y déposai mes lèvres tremblantes de
façon rapide et courte.
-
Quelle surprise ! Dit-elle avec sourire aux
lèvres.
-
Pour une surprise s’en est une.
Ajoutai-je ? C’est toi la grande surprise. Je ne m’attendais pas à te voir
ici (Je mentais…). Bienvenue à l’Espace Bananier.
-
Merci. Me répondit-elle. Je t’ai aperçu de loin
et on m’a dit dans les coulisses que tu es propriétaire de cet espace dont la renommée
a dépassé la région. Il parait même que la finale du concours Miss régionale
s’est tenue ici. Est-ce vrai ?
Je ne savais s’il fallait dire
Chérie, princesse, Demoiselle ou tout simplement Natalie. Je répondis tout bonnement « Oui.
C’était hier soir ». Sur ce, Natalie me remercia et partit regagner sa
place. Elle était belle mais bizarrement son regard ce soir n’exprimait pas de
joie. Je ne la quittai pas des yeux jusqu’à ce qu’elle se retrouve à l’extrême
gauche de la cours. Je compris alors pourquoi je n’avais pas fait attention à
sa présence. Elle était fondu dans un groupe de 12 personnes qui sont entrées
ensemble et ont pris place
Natalie, couchée sur le lit,
avait ouvert les yeux et regardait en ma direction.
-
Ça va ? Demandai-je.
-
J’ai très mal à la tête. Sinon ça peut aller.
Répondit-elle.
Elle avait les yeux rouges. Je
remarquai une goutte de sang qui perlait
sur son front. Certainement le choc sur la table. Vite, je sortis le petit kit
d’urgence médicale que j’avais disposé dans le tiroir du lit. Un pansement
rapide avec sparadrap, puis je demandai à Natalie de se reposer pendant que je
vérifierais la situation. Mais je n’eus même pas le temps de me redresser du
lit que Natalie bondit à mon cou. Elle me serra fort contre elle. Je suivi le
geste et la serrai aussi fortement que je pouvais en passant ma main droite sur
sa chevelure. Et là Natalie murmura à mon oreille gauche « Ne me quitte
pas s’il te plait mon Juju. Ne me quitte pas. Je ne veux plus
retourner avec ce monstre.». Natalie ne retourna pas à la capitale ce soir-là.
Et moi, je passai la nuit la plus extraordinaire de ma vie.
L’incident de la table des 12
n’avait eu aucun impact sur le succès du diner organisé par l’Espace Bananier. Au
contraire, la façon dont nous avions géré la situation donna encore plus de
crédibilité au restaurant. La police était rapidement intervenue et l’ami de
Natalie avait été d’abord mis au violon. L’ami de Natalie, Jean-Luc, fut sanctionné
de payer une amande pour les dommages encourus.
Quelques jours après ces incidents, Natalie m’expliqua son aventure avec
Jean-Luc chez qui elle s’était installée le jour même où elle avait quitté
notre maison. Elle me relata comment elle avait rencontré Jean-Luc lors d’une
prospection et comment celui-ci l’avait invité à diner. C’est au cours de ce diner
que Jean-Luc lui avait fait des avances. Selon Natalie, Jean-Luc avait remarqué
qu’elle n’était pas heureuse et avait promis de lui rendre la joie qu’elle
mérite. Elle avait dit à Jean-Luc qu’elle était mariée légalement et que ce
serait difficile pour elle de quitter son homme pour un autre. Mais Jean-Luc
avait proposé d’être son amant si elle n’y voyait pas d’inconvénient. Natalie
m’indiqua qu’elle avait beaucoup réfléchi et avait fini par céder car Jean-Luc
était l’occasion rêvée de faire l’enfant qu’elle n’avait pas pu avoir avec moi.
Natalie continua en me disant qu’elle avait été voir un spécialiste de la stérilité
féminine à mon insu vu la situation que nous traversions. Le spécialiste lui
avait fait faire une pile d’examen dont la conclusion fut qu’elle était apte à
enfanter. Dès lors, elle avait conclu que c’était moi le problème de notre
couple. Ce qui la conforta davantage à accepter les avances de Jean-Luc. Cependant,
chemin faisant, Jean-Luc lui demandais de partir vivre avec lui dans une ville balnéaire
non loin de la capitale. Natalie m’expliqua qu’elle ne savait pas comment se défaire
de moi. Et cela la rendait nerveuse de ne pas pouvoir vivre avec Jean-Luc. Ce
qui expliquait ses constants sauts d’humeur d’entant à mon égard. Elle avait joué
le jeu jusqu’à ce que je lui annonce mon licenciement. Elle avait donc saisie
cette occasion pour se débarrasser de moi et rejoindre Jean-Luc. Plus tard elle
avait été déçue lorsque malgré tous les stimulants et les tests d’ovulations,
elle ne tombait pas enceinte de Jean-Luc. En plus de cela, Jean-Luc était d’une
jalousie morbide. Il n’acceptait pas de la voir avec un autre homme. Et selon
Natalie, c’est cette jalousie qui lui a valu, le courroux de Jean-Luc lors du
diner à l’Espace Bananier. Jean-Luc n’avait pas accepté qu’elle se lève de la
table pour aller saluer quiconque. Mais elle s’était entêtée de le faire pour
venir me saluer. Alors il ne put se maitriser lorsque de retour, Natalie lui expliqua
que j’étais son « ex-époux ». Après son récit, Natalie me demanda de
lui pardonner son attitude égoïste. « Natalie, tu es pardonnée. Lui
avais-je répondu. Je suis heureux que tu sois de retour. C’est
l’essentiel. »
Bientôt 3 mois que nous vivons à
nouveau ensemble. Natalie continuait à expérimenter des violents maux de tête
depuis l’incident du diner à l’Espace Bananier. Entretemps, une nouvelle agence
de la société où travaillait Natalie avait été créée dans la région juste dans
la ville où nous résidons. Le patron de Natalie n’avait pas hésité à la muter ici.
Avec toutes ses années passées dans la société et ses compétences managériales,
Natalie était le meilleur atout pour gérer cette nouvelle agence. Moi je ne
sentais plus le besoin ni de travailler pour quelqu’un ni de quitter cette
région qui m’avait fait retrouver la joie et l’amour perdu. Sauf que les
fréquentes migraines de Natalie commençaient à m’inquiéter. Et, ce matin, elle
n’était pas du tout embonpoint. J’appelai donc son bureau pour informer de
l’absence de Natalie. Quelques heures plus tard, nous étions au Centre
Hospitalier Régional. La prise de ses constantes, indiquait une température de 40 degrés Celsius. Elle
faisait une fièvre et tremblait de tous ses membres. Le médecin décida alors de
la garder en observation. Toutefois, Il me demanda de m’installer dans la salle
d’attente pendant qu’il s’entretiendrait avec mon épouse en aparté. Après trois
quarts d’heure, on me fit entrer dans le bureau du médecin. Natalie était étendue
sur le lit de consultation. Les mains sur le visage.
-
Docteur que se passe-t-il? Pourquoi ma femme
pleure-t-elle ?
- - M Okaligbo Jacques, n’ayez pas peur. Ce sont des larmes de Joie. Votre épouse porte une grossesse de 8 semaines.
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