L’église des Peuples Secourus par
Dieu était toujours bondée de monde à la recherche du bonheur. Les miracles que
Dieu faisait au travers du Pasteur de cette église étaient concrets. Et
systématiques. On dit que Dieu est lent à agir et Satan est rapide. Mais avec
le Pasteur Yobo c’était tout le contraire. C’est Satan qui était lent. Dieu
agissait bien et vite. La puissance de Dieu avait tout son sens chez le Pst
Yobo.
Pour galvaniser ses fidèles le
pasteur Yobo avait l’habitude d’utiliser ce verset particulier de la
Bible : « Mon père travaille jusqu’à présent. Moi aussi, je
travaille».
Et le pasteur de commenter :
- Cette phrase est-elle au
futur ?
La foule répondait en cœur en
criant « NON ». « Au présent ! Au présent ! ».
Alors le Pasteur de reprendre, « Si c’est au présent, Pourquoi attendre
encore ? Jésus opère les miracles maintenant alors RE-CE-VEZ VOTRE MIRACLE». Et des cris surgissaient dans la foule en liesse.
Même si certains de ses compères pasteurs doutaient de son
charisme, cela n’anéantissait en rien sa renommée. Il disait toujours que ceux
qui ne croient pas aujourd'hui, croiront un jour en la puissance de Dieu.
Dans le quartier où il exerçait,
Pst Yobo était l’espoir de tous les habitants. Son église construite en bois ne
désemplissait pas. Les gens venaient des quartiers huppés de la capitale pour y
prier avec lui. Parmi ceux-là figuraient des familles que Pst Yobo avait aidé
à sortir du trou.
Plusieurs personnes vivaient dans
ce quartier mais avec l’appui des prières ferventes de Pst Yobo, leurs statuts avaient
changé. Ces personnes étaient maintenant parmi les plus prospères et habitaient les
quartiers chics. Pour lui être reconnaissant et rendre témoignage des bienfaits
de Dieu, ces familles bénies à travers le ministère du Pasteur Yobo, effectuaient
des dizaines voire des centaines de kilomètres pour venir à l’Eglise des Peuples
Secourus par Dieu.
Sous la pluie comme sous les vents, les fidèles du Pst Yobo ne manquaient sous aucun prétexte un programme de l’église.
Un jour, le Pasteur Yobo réunit les membres influents de son église et les informa que Dieu lui avait parlé pendant son sommeil. Dieu lui avait dit qu'il était maintenant temps de changer de lieu de culte. Le temple en bois dans ce quartier précaire même s’il était grand s’avérait maintenant exiguë Il leur fallait un temple plus grand, dans un quartier plus honorable où ils pouvaient rendre gloire à Dieu. Tous approuvèrent l’idée.
Sous la pluie comme sous les vents, les fidèles du Pst Yobo ne manquaient sous aucun prétexte un programme de l’église.
Un jour, le Pasteur Yobo réunit les membres influents de son église et les informa que Dieu lui avait parlé pendant son sommeil. Dieu lui avait dit qu'il était maintenant temps de changer de lieu de culte. Le temple en bois dans ce quartier précaire même s’il était grand s’avérait maintenant exiguë Il leur fallait un temple plus grand, dans un quartier plus honorable où ils pouvaient rendre gloire à Dieu. Tous approuvèrent l’idée.
Une offrande fut organisée le
dimanche suivant. Ce jour là, le culte dura plus que d’ordinaire. Le résultat
était imprévisible. Les fonds mobilisés pour cette matinée de culte s’élevaient
à quinze millions cinq cent quarante un mille francs CFA en espèce. Ceux qui n’avaient pas pu donner leur
participation séance tenante, promirent d'honorer leur engagement dès le
prochain service. Le dimanche suivant, ils collectèrent quatre millions deux cent trente mille francs. Avec
la somme de dix neuf million sept cent soixante dix mille francs CFA, le pasteur Yobo pouvait aisément construire
un nouveau temple sur un grand terrain. Ce qui arriva. Un mois plus tard, Pst
Yobo officiait dans un temple plus grand et construit en dur dans le quartier Génito.
Des brasseurs d’air y avaient été installés pour rafraîchir les fidèles.
Deux fois par semaine, le Pst Yobo recevait des centaines de
personnes qui sollicitaient l’intervention de Dieu dans leur vie. Parmi ces
visiteurs figuraient des jeunes filles à la recherche d’un mari ; des
femmes dont le foyer était menacé par le divorce; des personnes à la
recherche d’emploi ; des hommes d’affaires souhaitant voir prospérer leurs
affaires. Il y a avait aussi de nombreux demandeurs de visa pour l'Europe. Après
les séances avec le pasteur Yobo, certains repartaient déçus et ne remettaient
plus les pieds à l’église parce que n’ayant pas été exaucés. Plusieurs par
contre, voyaient leurs sujets de prière exaucés. Ils étaient satisfaits et
s’ajoutaient à la communauté de l’Eglise des peuples Secourus par Dieu à
l'image de M Yapi Yapo.
M Yapi vint un jour trouver Pst Yobo tout désespéré. Il
avait prié et jeûné pendant des jours, des semaines et des mois dans l’espoir
d’être réintégré dans la société de laquelle il avait été injustement remercié.
Après plusieurs mois de prière dans plusieurs églises du pays, M Yapi n’avait
pas eu gain de cause. Dans le désespoir, il entendit parler de l’Eglise des
Peuples Secourus par Dieu et de son Pasteur. Il rencontra le pasteur Yobo un de
ces jours de réception et lui exposa son problème. Le Pasteur lui dit de
faire une offrande au Seigneur. Sur place, il vida ses poches et donna au
Seigneur tout ce qu’il avait dans son porte monnaie. Par la foi, le Pasteur
Yobo lui demanda seulement de garder sur lui son transport de la maison à son
lieu de travail car il serait rappelé par son patron sous peu.
Le jour suivant, M Yapi prenait sa douche matinale quand il reçu
l'appel de son ancien patron. Ce dernier lui demandait de reprendre le service immédiatement car il
y avait eu une erreur à son sujet. A son arrivée, sa surprise fut encore plus
grande car il fut intégré à un poste supérieur et mieux rémunéré que le premier
poste qu’il avait occupé auparavant. Le dimanche suivant, M Yapi rendit
témoignage à l’église. Les jours suivants il ne manquait plus aucun programme
du pasteur Yobo. Il passait même ses week-ends entièrement à l’église, aidant
son pasteur à préparer le culte du dimanche.
A la fin du mois qui a suivi, M Yapi offrit comme cadeau au
pasteur Yobo une voiture quatre fois quatre. Ce témoignage circula parmi la population dans ce
grand quartier. Les parents, amis et connaissances qui avaient connu M Yapi
avant sa réintégration dans la société, prirent d’assaut l’Eglise des Peuples
Secourus par Dieu. Ils devinrent tous des fidèles du pasteur Yobo, le faiseur
de miracles. ET M Yapi comptait parmi les plus fidèles de l’église. Il devint très
rapidement Diacre et membre du conseil de l’église. Par la suite, après
seulement 2 mois dans le nouveau temple, le nombre de fidèles doubla. Et la
renommée du pasteur Yobo dans le pays s’accroissait toujours. Il ne prêchait plus seulement pour son église. Il
était invité par ses compères qui au début de son ministère le critiquaient. Il
avait des invitations aussi hors du pays. A cause de ces multiples voyages et
sa célébrité, le Pasteur Yobo se vit délivrer un passeport diplomatique. On ne
l’appelait plus Pasteur Yobo mais plutôt Le Pasteur des Nations. Un homme de
Dieu international.
Fiers de leur pasteur, les
fidèles s’organisèrent pour lui acheter une maison dans le quartier huppé de la
capitale. Un duplex de 8 pièces tout équipé fût acquis pour le pasteur Yobo au
quartier Ambassadeurs, un quartier où
résidaient les grands du pays.
Le pasteur Yobo était maintenant
le voisin de plusieurs personnalités du pays. Il côtoyait des ministres du
gouvernement, des ambassadeurs, des chefs de grandes entreprises. Dans son
garage, il y avait, en plus de la 4x4 offerte par M Yapi, une autre voiture de
luxe. Il ne s’habillait plus en chemise sahélienne comme il le faisait au début.
C’était le temps des costumes et chaussures de marque. Depuis qu'il avait aménagé
dans sa nouvelle maison, Pasteur Yobo était toujours tiré à quatre épingles.
Des ministres parmi ses voisins
n’hésitaient plus à venir prier dans son église. Souvent c’était des cortèges
qui parcouraient la ville avant d’arriver à l’Eglise des Peuples Secourus par
Dieu.
La vie du pasteur Yobo était
encore plus belle. Non seulement, il avait la promesse du paradis céleste de
Dieu. Mais pour l’instant il savourait les richesses terrestres. Ses fidèles
étaient de plus en plus fiers de lui.
Trois mois après son
déménagement, le pasteur Yobo eu une autre vision. Il décida de la partager
avec ses conseillers. Le dimanche suivant il rassembla ces conseillés parmi
lesquels le Diacre Yapi. Il leur annonça que Dieu lui avait parlé et souhaitait qu’ils déménagent encore
l’église. Cette fois-ci dans le quartier Ambassadeurs. Il sollicitait encore une autre offrande des fidèles.
Idée ne fut pas
l’unanimité. Un groupe disait que Dieu n’avait pas parlé au pasteur Yobo mais
qu’il était plutôt guidé par l’orgueil. Or selon eux comme il est écrit dans la
Bible " l’orgueil précède la chute". Pour eux, déménager
l’église conduirait cette fois ci à sa chute ». Par contre, l’autre
groupe, plus restreint, disait que Dieu avait parlé à leur pasteur. Et il
fallait mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. Que pouvait l’homme devant un message
divin. Ils s’appuyèrent sur le fait que Dieu aimait autant les riches que les
pauvres. Le responsable Yapi qui était devenu un des membres influents de
l’église faisait partie de ce groupe. Le Diacre Yapi ajouta même que cela ne
coûtait rien de lancer l’opération et attendre le résultat avant de juger la
vision. « L’opération ne nécessite pas moins d’une trentaine de millions. Si
Dieu est avec nous, nous obtiendrons cet argent dès la première journée ?
Sinon nous abandonnons» avait-il conclut.
La discussion ne dura pas plus. L’Eglise
des Peuples Secourus par Dieu serait délocalisée au quartier des Ambassadeurs.
Le troisième dimanche qui suivit
cette réunion, ils organisèrent un appel de fond. Le montant recueilli était au
delà de toute attente à la grande joie de M Yapi. Les caissiers comptèrent ce
jour là des billets comme jamais ils n’avaient compté auparavant dans cette
église. 95 millions. Le ministre de la construction qui était voisin au Pasteur Yobo lui promit un
terrain de 1000M² au quartier des Ambassades pour bâtir le temple de Dieu. Le
ministre des infrastructures qui venait lui aussi prié dans l’église du pasteur
Yobo, promit du matériel qu’il ferait venir spécialement de l’Italie pour soutenir
la construction du temple de Dieu.
L’homme de Dieu était satisfait
et son conseil ecclésiastique aussi. Mais le groupe qui était contre un nouveau
déménagement ne fut pas convaincu pour autant. Ils décidèrent de ne pas
s’impliquer dans cette œuvre.
A côté d’eux, le groupe du responsable
Yapi glorifiait Dieu chaque jour. L’Eglise des Peuples Secourus par Dieu, une
petite église née dans un quartier précaire. La voici au milieu des grandes.
Effectivement, seulement 2 mois suffirent
pour bâtir le nouveau temple et l’équiper entièrement. Quinze jours plus tard,
le déménagement était terminé. L’inauguration du nouveau temple était prévu un
samedi. La publicité dans les médias avait porté son fruit.
Le jour de l’inauguration, plusieurs
autorités gouvernementales étaient présentes. Le premier ministre et la
première dame étaient les invités d’honneur de cette cérémonie. Les chrétiens
et non chrétiens, venus de tous les quartiers de la capitale, avaient envahis
le quartier Ambassadeurs. Ceux qui étaient à l’intérieur du pays et qui avaient
entendu parler de l’Eglise des Peuples Secourus
par Dieu avaient fait le déplacement la veille. D’autres encore étaient venus
d’Europe surtout de la France. Le Pasteur Yobo avait été pour beaucoup d’entre
eux à la base de la réussite de leur projet de voyage. Des pasteurs avaient
encouragé leurs membres à se rendre à la cérémonie d’inauguration. Il y eut
plusieurs dizaines de convois d’églises.
En fait, personne ne voulait être
à l’écart. Chacun voulait être l’ami de ce pasteur qui déplace le premier Ministre
et la Première Dame du pays. La foule était si nombreuse que le temple refusa
du monde. La cérémonie dura toute l’après
midi ce samedi. Il y eut plusieurs témoignages des bienfaits de Dieu. Des
hommes, des femmes et des jeunes de tout âge racontèrent en public ce que Dieu
avait fait dans leur vie par la simple prière du pasteur Yobo. Tout le monde
attendait ce jour là impatiemment la prédication du Pasteur Yobo. Ce fut une
courte prédication de dix minutes. La prière qui en suivit fut elle aussi très courte
afin de laisser toute la place au discours de l’invité d’honneur, la première dame
qui souhaitait ne plus rester pour longtemps. Après la prière, la première dame
tint un discours élogieux à l’égard du pasteur Yobo pendant plus de quarante cinq minutes. Après elle, le
premier ministre fit aussi un discours qui dura encore quarante minutes. Il cita le pasteur Yobo comme un exemple dans le pays. Désormais, tous étaient plus que
convaincus de la vocation de cet homme, du pasteur des nations, le pasteur internationale. Le pasteur Yobo.
A la fin de la cérémonie, la
première dame invita l’homme de Dieu à devenir le pasteur de la famille
présidentielle. Le Pasteur Yobo en fut très honoré. Lui, simple pasteur de
l’Eglise des Peuples Secourus par Dieu. Le voilà devenu le pasteur du couple présidentiel
du pays. Dieu avait vraiment un plan pour chaque homme. Dieu avait aussi un
plan pour lui.
Dans ses nouveaux habits, le
Pasteur de la famille présidentielle, tenait chaque semaine, au palais
présidentiel une séance de prière spéciale à l’attention des membres du gouvernement. A côté
de cela, il arrivait que la première dame demande des séances de prières
spéciales au pasteur Yobo. En générale, il s'agissait de prières contre les
sorciers de son village. Ou encore, des prières contre les adversaires politiques de son mari, le président de la république.
Les appels et les sollicitations de la première dame ne laissaient plus le
temps au pasteur Yobo pour ses fidèles. Les membres de l’église des Peuples
secourus par Dieu avaient commencé à murmurer. Mais le pasteur pouvait compter
sur le Responsable Yapi. Ce dernier encourageait toujours les fidèles de
l’église et les exhortait à soutenir leur pasteur dont le ministère devenait
important dans le pays et dans le monde. Il leur disait qu’il devait voir cela
comme une source de bénédiction pour l’Eglise et donc par ricochet, pour
eux-mêmes. Le couple présidentiel appréciait
beaucoup les services de l’homme de Dieu. Le président, la première dame ainsi que
leurs enfants étaient assidus aux séances de prière avec le Pasteur Yobo.
Pour la première fois depuis 25 ans, on devrait
organiser les élections dans le pays. La population était visiblement
excitée de voir enfin partir cet ancien et vieux président. Mais le président ne
voulait pas abandonner son fauteuil. Il ne comptait plus sur les hommes parce
qu’il n’avait plus le soutien des siens. Plusieurs de ces ministres étaient
corrompus et vendus d’avance. Le président voyait aussi qu’il n’avait plus le
soutien infaillible de la communauté internationale comme dans certains pays. Dans
ces circonstances, Dieu était le dernier rempart Et il savait qu’il pouvait
compter sur le pasteur de l’Eglise des Peuples Secourus par Dieu. Lui-même
faisant partie des personnes à secourir.
Le Président demanda à multiplier
les séances de prière avec le pasteur Yobo à la maison. Il promit même au
Pasteur Yobo le poste de Ministre des Cultes au futur gouvernement s’il gagnait
les élections. D’une seule séance de prière en semaine, ils passèrent à trois séances. Maintenant
le président était reconnu pour un chrétien fervent. Quelques fois les séances
de prières à la maison présidentielle étaient diffusées en directe à la
télévision nationale.
Les opposants au régime du
président l’accusaient de ne pas s’occuper des problèmes du peuple qui vivait
dans une paupérisation avancée.
De son côté, le Pasteur Yobo
donnait de son va-tout pour que Dieu exauce le Président.
Entre-temps, il y avait des
rumeurs de coups d’états dans la ville. Presque tous les jours, des journaux en
faveur du régime titraient : « un coup d’état se prépare contre le
régime en place » ; ou « Il n’y a jamais de fumée
sans feu : Voici les preuves du coup d’état » ; « On veut
déstabiliser le pays par un coup d’état ».
Ces informations ne permettaient plus
au Président de la république de se déplacer librement. Il ne se rendait donc
plus au temple de l’Eglise des Peuples Secourus par Dieu. Les dimanches, c’est le
pasteur Yobo qui se déplaçait au palais présidentiel. Le pasteur officiait donc le matin dans son temple et
l’après midi, il officiait à la maison présidentielle.
Dans ces circonstances, plusieurs
membres du gouvernement parmi ceux qui priaient dans l’église du Pasteur Yobo,
se joignirent au culte du soir à la maison présidentielle. Les continuelles
absences et indisponibilités du pasteur Yobo avait fini par décourager
plusieurs membres de l’Eglise des Peuples Secourus par Dieu. Ils étaient
fatigués d’entendre le Responsable Yapi qui ne leur était d’aucune utilité pour
le changement de leur situation sociale. En fait, le responsable Yapi n’avait
pas le charisme du pasteur Yobo. Petit à petit, l’église qui avaient été bâtie
et inaugurée en grande pompe se vidait. Le Pst Yobo ne s’en rendait pas compte.
Il était aveuglé par son service présidentiel et la perspective de devenir le
ministre du culte du futur gouvernement.
Pourtant, cette année là, il
n’y eut pas de coup d’état contrairement à
ce qu'annonçaient plusieurs médias internationaux. Les élections furent
organisées dans le calme. Elles furent transparentes, démocratiques et libres
pour une fois en Afrique Et le Président, fidèle du pasteur Yobo perdit les
élections devant son farouche opposant. Le Pasteur Yobo, ne fut pas Ministre de
Culte. Il n’y avait plus de ministres autour de lui. Tous ses amis de l’ancien
régime avaient été évincés. Ils ne s’intéressaient plus à Dieu. Ni le Pasteur
Yobo, ni l’église des Peuples Secourus par Dieu n’avaient permis que ces
ministres soient sauvés dans leur détresse. Ils disaient que Dieu ne les
avaient pas secourus. Donc ils ne feraient plus partie de l'Eglise des Peuples
Secourus par Dieu du Pasteur Yobo.
Quelques semaines après sa
cuisante défaite, l’ex-président qui avait déjà fait 25 ans au pouvoir mourut et
sa femme aussi. On ne savait pas au juste de quoi ils étaient morts. Tout ce
qu’on savait c’était qu’ils étaient morts dans des conditions non élucidées
dans un pays voisin.
Lorsque les partisans de l’ancien
régime apprirent la nouvelle du décès de l’ex président, ils prirent peur en
pensant à une justice des vainqueurs. Plusieurs se réfugièrent dans les pays
voisins. Les hauts dignitaires de l’ancien régime qui fréquentaient l’église du
pasteur Yobo s’enfuirent aussi. Il n’y avait donc plus d’hommes puissants qui
assistaient aux cultes du pasteur. Les fidèles qui ne résidaient pas dans le
quartier des Ambassadeurs n’effectuaient plus le déplacement par peur d’être vu
comme des partisans de l’ancien régime. Le pasteur Yobo s’était retrouvé
maintenant seul avec une petite poignée de fidèles. Les dîmes et les offrandes
des dimanches et des réunions en semaine n’atteignaient pas soixante FCFA
par mois. Pourtant les charges administratives du nouveau temple étaient très élevées.
Au début, le pasteur Yobo comptait sur ses propres économies et l’appui financier
du responsable Yapi, son fidèle disciple. Malheureusement, lui aussi avait
perdu son emploi. Le directeur général de la société où il était employé venait
d’être remercié par le nouveau conseil d’administration mis en place par les
nouveaux dignitaires. Le responsable Yapi n’avait pas échappé aux vents de
licenciement qui s'en suivit. Pour finir, il ne restait que les propres économies
du pasteur Yobo pour relancer les activités de l’église.
Avec la poignée de fidèles de l’église,
ils firent un jeûne de sept jours sans manger ni boire de jour comme de nuit. Au
sixième jour, le pasteur Yobo eu une vision. Le septième jour il partagea cela
avec ces frères en Christ parmi lesquels le fidèle M Yapi. Ils devaient
utiliser toutes ses économies pour faire une grande croisade d’évangélisation
dans le nouveau temple sis au quartier des Ambassadeurs. Tous adhérèrent à
l’idée de cette grande croisade. Dieu avait encore parlé et il n’y avait pas de
raison de ne pas obéir.
Le pasteur Yobo vendit tous ses
biens. Avec ses économies et les revenus de ces ventes, il s’engagea dans l’organisation
de cette croisade. Il mobilisa son équipe. Des affichent et des prospectus
furent confectionnés et collés dans toute la ville. Des spots télé furent
diffusés. Des passages à la télé ainsi qu’à la radio furent organisés par le
pasteur lui-même. Il avait utilisé toutes ses économies. Durant toute la
semaine on ne parlait que de la croisade du pasteur Yobo dans tous les médias. chaque jours, les membres du comité recevaient des appels téléphoniques de personnes désirant savoir s'il s'agissait bien de l'Eglise du Pasteur Yobo.
Le jour de la croisade, c’était
un samedi, une grande pluie s'abattit sur la ville du matin jusqu'à l'heure
de la croisade. La salle était vide. Personne n’avait effectué le déplacement de la croisade. Le
pasteur Yobo ne s’est retrouvé qu’avec son équipe d’organisation. Il ne se
découragea pas pour autant. Il motiva ses compagnons à sortir pour prêcher hors
de l’église de seize heures à vingt deux heures pour annoncer la bonne nouvelle, l’évangile de Jésus-Christ,
aux âmes perdues. Il était certain que Dieu lui avait parlé. Ce jour là, le
responsable Yapi et les autres se mirent à prêcher dans les rues du quartier
des Ambassadeurs. A l'aide de mégaphones, ils annoncèrent la parole de Dieu jusque
dans la soirée. Vers vingt deux heures trente minutes, leurs cris finirent par agacer les habitants du
quartier. Ceux-ci leur demandaient de cesser leur les bruits. Mais les disciples du
Pasteur continuaient de plus belle. Ils crièrent encore plus fort. Dans leurs paroles qu’on pouvait entendre à
plus de vingt cinq mètres, ils traitaient ouvertement les habitants de païens, de démons,
de possédés, d’anti-christ. Et puisqu’ils continuaient à s’égosiller malgré les
interpellations des habitants de cette cité résidentielle, ceux-ci, ne pouvant
plus les supporter furent remplis de colère. On entendit crier un des jeunes de
la cité : « puisque nous sommes des démons, nous allons leur montrer
comment nous combattons le Christ ». Aussitôt, une trentaine de jeunes,
tenant des chicottes se ruèrent sur les
disciples du pasteur Yobo. Devant cette sortie inattendue de la population,
chacun des prédicateurs courut vers l’Eglise des Peuples Secourus par Dieu où
se trouvait le Pasteur Yobo. Ils détalèrent en laissant derrière eux
mégaphones, sandales, souliers, bibles et autres. Les jeunes et adultes du
quartier des Ambassades ne firent pas de cadeau aux chrétiens de l’église des Peuples
Secourus par Dieu. Ils les pourchassèrent jusqu’à leur temple et les y
enfermèrent avec leur Pasteur. Cette nuit là, le pasteur Yobo, le Responsable
Yapi et la poignée de fidèles furent bastonnés jusqu'au matin par la population déchaînée et enragée du quartier Ambassadeurs. Au levé du jour, le Pst Yobo et ses fidèles avaient les yeux enflés, le
corps blessé, les lèvres déchirées, les vêtements décousus. Ils pleuraient et
invoquaient le secours de Dieu. Les douleurs de leurs chairs finirent par les
disperser et les séparer les uns des autres. L’église fut fermée au quartier
des Ambassadeurs le dimanche suivant. Elle ne fut plus ouverte jusqu'aujourd'hui.
La nouvelle de cette nuit parcourue toute la capitale
jusque dans le quartier précaire où le Pasteur Yobo avait commencé son
ministère pastorale. Un ancien membre de l’église, qui connaissait bien l'Eglise
des Peuples Secourus par Dieu, recueillit le Pasteur Yobo dans sa modeste maison
en bois de 2 pièces. C'est là que le Pasteur Yobo demeure jusqu'à présent. Il ne
sait toujours pas s'il doit reprendre le ministère pastoral ou s'il doit
s'adonner à d'autres activités lucratives. En entendant, il dirige la cellule
de prière qui se tient dans la famille de ce fidèle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci envoyer vos commentaires