N’Guessan Madeleine dit Mado
était une fille du quartier comme on le dit. Elle y avait passé toute sa vie.
Elle connaissait tout le monde et tout le monde dans le quartier la
connaissait. Mado était aussi belle et intelligente. Ses parents ayant été
parmi les premiers à habiter le quartier, elle était considérée par les autres
filles comme l’aînée de tous. A la maison Mado était studieuse et à l’écoute de
ces parents depuis son enfance. Son attitude respectueuse était connue de tous
dans le quartier. Les autres parents la prenaient toujours pour exemple et
auraient aimé avoir des enfants à son image.
Les parents de Mado, Morgan et Henriette,
étaient heureux d’avoir Mado comme fille. C’était d’ailleurs leur unique fille.
Et ils l’aimaient profondément. Jamais ils ne lui refusèrent ce dont elle avait
besoin dans le cadre de ses études ainsi que pour son épanouissement personnel.
Morgan et Henriette n’étaient pas sévères mais n’étaient pas non plus du genre
à laisser aller leur fille. Ils mettaient tout en œuvre pour la réussite de
Mado et se concentraient sur l’essentiel. Ils la guidèrent dans ces choix et
son orientation jusqu’à ce qu’elle réussisse son baccalauréat série D. Morgan
et Henriette furent si heureux de ce succès qu’ils organisèrent une fête à
laquelle étaient invités tout le quartier, des camarades de Mado et des amis
très proche de Morgan et Henriette. Sylvain, un collègue de Morgan qui était de la
partie avait beaucoup entendu parler de Mado. Son père l’avait invité afin qu’il
puisse mettre un visage sur le nom de sa fille. Sylvain ne fut pas indifférent
de la beauté de la fille de Morgan. Il l’apprécia beaucoup et fit même un très
beau cadeau à Mado. Il lui offrit un téléphone portable de 3ème
génération. Ce fut une belle célébration au cours de laquelle les parents de Mado réalisèrent
combien leur fille était aimée dans le quartier et dans son école.
A l’approche de la rentrée scolaire
suivante alors que Morgan s’apprêtait à inscrire Mado dans une prestigieuse
grande école, il fut surpris de la réaction de sa fille. Mado refusa
catégoriquement d’aller à l’école. La raison : Elle s’était entichée
d’amour pour Sylvain depuis sa fête. Sylvain était follement amoureux de Mado
et ne voulait plus la quitter. Il lui avait promis monts et merveilles pour la
rendre heureuse si celle-ci acceptait de vivre avec lui. Sylvain avait
contracté un premier mariage qui s’était soldé par un divorce après 5 ans. Depuis
lors il resta célibataire attendant l’âme sœur idéale. Et il trouva en Mado la
femme de sa vie. Il lui promit de la rendre encore plus heureuse si elle lui
faisait un enfant. Elle cru en lui et fut entièrement vouée à Sylvain négligeant
l’avis de ces parents et ces études.
Morgan et Henriette furent très
attristés de l’attitude incompréhensible de Mado. Ils étaient surpris de ce
qu’elle parlait de mariage plutôt que de diplôme. Ils étaient encore plus déçus
de Sylvain qu’ils accusaient d’avoir détourné une fille innocente bien qu'elle ait plus de 21 ans. Morgan et
Henriette usèrent de tous les moyens pour dissuader leur fille mais c’était
trop tard. Mado était enceinte de 2 mois. Elle fit connaitre à ses parents la
nouvelle. Ce fut un grand choc pour la famille. Même tout le quartier fut
estomaqué. Qu’est ce qui avait bien pu se passer dans la tête de la jeune
fille ? Se demandait-on. Mais le
cœur a ses raisons que la raison elle-même ignore. Follement amoureuse, Mado ne
rêvait que de vivre avec Sylvain. Elle qui avait été la jeune fille exemplaire
du quartier, échappait maintenant au contrôle de tous. Elle multipliait les
sorties et quelquefois découchait. Elle accusait tout le monde de ne pas la
comprendre. Pour la mettre à l’abri et la protéger, Sylvain l’invita à habiter
sous son toit aux 2 plateaux. Elle y alla sans même en parler à ses parents.
Désormais, Mado ne répondait plus
aux appels de ces parents. Elle refusait d’écouter quiconque voulait lui faire entendre
raison. A quoi bon si Sylvain son chéri à les moyens de la prendre en charge
elle et son enfant. En plus, l’amour de Sylvain lui suffisait. On dit souvent
qu’on ne vit pas d’amour et d’eau fraiche. Mado, disait le contraire. L’amour
de Sylvain était pour elle une source d’eau fraîche intarissable. Elle pourrait
vivre d’amour et d’eau fraiche avec son Sylvain s’il le fallait. Plusieurs de
ses amies de classe essayèrent de l’interpeler en lui disant : « Fait
attention, Sylvain est un homme comme les autres ». Mais Mado répondait
que ces amies étaient jalouses de son amour. « Je me rend réellement
compte que vous ne voulez pas de mon bien ». Petit à petit elle devint
arrogante et à cause de cette arrogance et vu son état, personne n’osait plus
l’approcher ou même lui parler.
Mado était satisfaite que personne ne la
dérange dans son intimité familiale avec son prince charmant. Elle resta ainsi
seule avec Sylvain, jusqu’au jour où elle devait accoucher.
Ce jour là, très tôt le matin,
Mado senti des douleurs au ventre. Après consultation, le médecin confirma
qu’elle était en début de travail. Tout de suite, Sylvain conduisit sa femme à
la polyclinique où elle se faisait suivre. Mado entra dans la salle
d’accouchement à 7h30 du matin. Jusqu’à 10h, elle n’en était toujours pas ressortit.
Sylvain perdait patience. Il commençait à s’inquiéter. Aux environs de 12h15, la sage femme sortit de la
salle avec un léger sourire. Il cru entendre une bonne nouvelle. Mais la sage
femme lui tendit plutôt une ordonnance de médicaments à acheter. On le rassura
que tout allait bien et qu’il fallait seulement qu’il envoie ces médicaments.
Quelques instants après, Sylvain était de retour avec lesdits produits. Il
attendit encore là jusqu’à 17h45 pour voir sortir la sage femme. Il voulait
voir Mado mais la femme lui insinua que ce n’était pas possible. Que se
passait-il au juste ? Se demandait-il. Malheureusement personne ne lui
donnait de réponse. Aux environs de 20h, la sage femme sorti, cette fois ci du
côté de la salle réanimation. Elle s’avança tristement vers Sylvain et l’informa
qu’il y avait une décision difficile à prendre. Soit on perdait l’enfant et la
mère était sauvée soit on perdait la mère et l’enfant naissait sans problème. La sage femme
avait par ailleurs ajouté que si la mère s’en sortait elle ne pourrait plus
enfanter. Elle serait stérile à vie. Lorsque Sylvain entendit cette dernière parole,
il fut troublé. Pourquoi fallait-il que cela lui arrive. Reprenant son souffle,
il demanda encore à la sage femme s’il n’y avait pas d’autres solutions. N’y
avait-il rien d’autre qu’on puisse faire pour sauver et Mado et l’enfant ?
La réponse fut négative. Il était tenu de faire un choix avait insisté la sage
femme. Il se tourna alors doucement vers la sage femme et lui répondit calmement:
« Je veux mon enfant ».
- Monsieur, êtes vous sûr et certains de ce que vous dites ?
- Oui madame la sage femme. Puisque je vous le dis.
- Seriez-vous prêt à signer un engagement ?
- Sans aucun problème Madame la sage femme.